
Par Guillaume Bouvier, associé de Kéa Partners chargé du private equity
Alors que les exigences extra-financières se renforcent, la plupart des due diligences RSE continuent d’être menées en parallèle, voire à côté, des audits stratégiques. Une erreur de lecture… et de méthode à l’heure où la performance durable impose de les articuler. Pour conjuguer impact et compétitivité, il est urgent de croiser les regards et de redéfinir la notion de valeur.
Deux logiques de due diligence encore trop cloisonnées
Les due diligences stratégiques ont historiquement pour rôle d’évaluer la robustesse d’un business model, d’identifier les leviers de croissance et de sécuriser l’investissement. Elles éclairent les choix de développement, de positionnement d’allocation de moyens ou d’organisation. Face à elles, les due diligences ESG restent souvent cantonnées à une logique de conformité : listes de critères, vérification des obligations réglementaires, analyse des bonnes pratiques. Or ces approches normatives peinent à convaincre sur deux plans.
D’abord, elles sont insuffisamment reliées aux enjeux concrets des directions générales, comme la transformation du portefeuille produits, les modèles d’approvisionnement ou la structuration des filières. Ensuite, elles restent trop peu actionnables : rares sont celles qui débouchent sur une feuille de route crédible, intégrée à la stratégie globale de l’entreprise. Résultat : la démarche ESG est perçue comme un exercice parallèle, périphérique, au lieu de nourrir le cœur même du projet d’entreprise.