Q: Changement de paradigme pour le secteur tech

S ecteur star du début de la période Covid, la tech semble être entrée dans une période moins porteuse. Alors que plus de 3,5 milliards d’euros (dans 564 entreprises) et près de 4,5 milliards d’euros (629 entreprises) ont été respectivement investis en 2020 et 2021 dans l’informatique et le numérique par les fonds dans l’Hexagone, selon France Invest, l’engouement retombe quelque peu. Premier signe, les valorisations, qui avaient fortement augmenté ces dernières années, ont pour la plupart commencé à fléchir. « Dans le sillage de la correction observée sur les marchés boursiers, celles de nos participations s’inscrivent en légère décroissance depuis le début de l’année dans ce nouveau contexte, même si leur performance opérationnelle reste excellente », confie par exemple Thomas de Villeneuve, responsable des investissements tech et télécoms chez Apax Partners. Exception faite des actifs matures et très rentables, les investisseurs tendent également à se montrer plus sélectifs. « Nombreuses ces dernières années, les levées de fonds d’entreprises en forte croissance mais générant des cash flows très négatifs sont amenées à se raréfier, les fonds privilégiant dorénavant les opérations de consolidation », constate Pierpaolo Carpinelli, associé gérant chez Rothschild & Co. Une perspective qui en inquiète certains. « Si les LPs basculent en mode risk off, quid des poches growth et venture ? Après que la France a réussi à faire émerger un formidable vivier de sociétés technologiques avec son label French Tech et les “fonds Tibi“, il serait regrettable de casser cette dynamique, d’autant que les fonds américains sont à l’affût », prévient William Barrett, partner chez Reach Capital. Conscient de la menace, Bercy planche actuellement sur le lancement d’un deuxième plan Tibi pour 2023.

Q: Les fonds d’infrastructures, grands gagnants des tensions sur l’accès au financement ?

L e malheur des uns fait parfois le bonheur des autres. Même si la plupart des fonds continuent de regorger de liquidités à investir, le durcissement des conditions d’accès aux différentes sources de financement (quasi-fermeture des marchés obligataire high yield et du term loan B sur le large cap, envolée des taux d’intérêt et des marges, plus grande sélectivité des banques sur le midmarket…) tend à réduire leurs marges de manœuvre dans certains dossiers. Comme le confirment des banquiers d’affaires, certains fonds ont en effet été contraints, en raison d’un coût d’emprunt qui a presque doublé depuis le début de l’année et de vendeurs inflexibles sur la valorisation attendue, de renoncer à des deals. Alors que les banquiers de financement n’anticipent pas d’embellie sur ce front avant le début de 2023 au mieux, une catégorie d’acteurs pourrait tirer son épingle du jeu : les fonds d’infrastructures. « Investissant sur le long terme, ceux-ci financent très souvent l’intégralité de leurs opérations en fonds propres et sont à ce titre peu, voire pas, affectés par la dégradation des marchés de financement, observe Cyril Kammoun, CEO et managing partner de Degroof Petercam. Dans ce cadre, beaucoup en ont profité pour se montrer très actifs et se positionner sur de nouveaux secteurs, comme la santé (entrée d’InfraVia au capital du réseau vétérinaire Univet), l’éducation et la technologie. » À l’instar des fonds de capital-investissement, les fonds infras ont accumulé d’importantes ressources ces dernières années (9,5 milliards d’euros levés entre 2017 et 2021 selon France Invest) et disposent donc d’une force de frappe très significative.

Q: Les stratégiques ont de la ressource

E t le gagnant est… l’industriel ! Dans un nombre significatif de dossiers récents, les banquiers d’affaires constatent que le bras de fer entre les sponsors et les stratégiques a tourné à l’avantage de ces derniers. En cause, notamment : l’envolée des taux d’emprunt. « Récemment, nous étions en concurrence avec une entreprise en capacité de satisfaire les exigences élevées du vendeur, tout en payant cash la totalité de la transaction, évoque un GP nordiste. En intégrant le coût de la dette, notre offre n’était plus compétitive. » Au deuxième trimestre, ce changement de rapport de force n’était certes pas visible dans l’indice Argos (multiple médian payé de 10,8 fois l’Ebitda pour les fonds, contre 9,9 fois pour les stratégiques), mais la donne pourrait rapidement changer. Bien qu’affectée par l’inflation et la hausse des salaires, la trésorerie cumulée des sociétés non financières hexagonales avoisinait en juillet dernier 897 milliards d’euros, selon les derniers chiffres de la Banque de France.

Question 1

Activité midmarket de la zone euro (15 M€-500 M€) en volume et valeur

Accepted Answer

Question 2

Vers un retour du distressed M&A

Accepted Answer

A l’arrêt depuis deux ans sous l’effet des aides massives déployées au début de la crise sanitaire, le marché du distressed M&A serait en passe de repartir. « Depuis la rentrée, nous avons remporté plusieurs mandats sell-side pour des entreprises ayant consommé leur PGE et qui sont dans l’incapacité de le rembourser », assure Pierpaolo Carpinelli, associé gérant chez Rothschild & Co. Même si le nombre de défaillances, de 35 465 en cumulé entre septembre 2021 et août 2022, reste inférieur de près d’un tiers au niveau de la période pré-Covid, d’après les données de la Banque de France, la sinistralité progresse fortement depuis le début d’année. D’après le cabinet spécialisé Altarès, les ouvertures de procédures collectives (placement sous sauvegarde, redressement judiciaire, liquidation judiciaire) ont bondi de 35 % sur un an durant le premier trimestre, puis de 49 % sur un an au cours du deuxième trimestre.
Dans ce contexte, quelques projets de fonds de retournement midcap sont dans les tuyaux ou en cours de levée, à l’instar d’Equerre Capital Partners et de Sapaudia Partners. En 2021, les fonds de capital-retournement n’ont accompagné que huit entreprises pour un montant global de 25 millions d’euros, d'après France Invest. Post-crise financière de 2008-2009, les volumes annuels avaient excédé 100 millions d’euros.

Question 3

Changement de paradigme pour le secteur tech

Accepted Answer

Secteur star du début de la période Covid, la tech semble être entrée dans une période moins porteuse. Alors que plus de 3,5 milliards d’euros (dans 564 entreprises) et près de 4,5 milliards d’euros (629 entreprises) ont été respectivement investis en 2020 et 2021 dans l’informatique et le numérique par les fonds dans l’Hexagone, selon France Invest, l’engouement retombe quelque peu. Premier signe, les valorisations, qui avaient fortement augmenté ces dernières années, ont pour la plupart commencé à fléchir. « Dans le sillage de la correction observée sur les marchés boursiers, celles de nos participations s’inscrivent en légère décroissance depuis le début de l’année dans ce nouveau contexte, même si leur performance opérationnelle reste excellente », confie par exemple Thomas de Villeneuve, responsable des investissements tech et télécoms chez Apax Partners.
Exception faite des actifs matures et très rentables, les investisseurs tendent également à se montrer plus sélectifs. « Nombreuses ces dernières années, les levées de fonds d’entreprises en forte croissance mais générant des cash flows très négatifs sont amenées à se raréfier, les fonds privilégiant dorénavant les opérations de consolidation », constate Pierpaolo Carpinelli, associé gérant chez Rothschild & Co. Une perspective qui en inquiète certains. « Si les LPs basculent en mode risk off, quid des poches growth et venture ? Après que la France a réussi à faire émerger un formidable vivier de sociétés technologiques avec son label French Tech et les “fonds Tibi“, il serait regrettable de casser cette dynamique, d’autant que les fonds américains sont à l’affût », prévient William Barrett, partner chez Reach Capital. Conscient de la menace, Bercy planche actuellement sur le lancement d’un deuxième plan Tibi pour 2023.

Question 4

Les fonds d’infrastructures, grands gagnants des tensions sur l’accès au financement ?

Accepted Answer

Le malheur des uns fait parfois le bonheur des autres. Même si la plupart des fonds continuent de regorger de liquidités à investir, le durcissement des conditions d’accès aux différentes sources de financement (quasi-fermeture des marchés obligataire high yield et du term loan B sur le large cap, envolée des taux d’intérêt et des marges, plus grande sélectivité des banques sur le midmarket…) tend à réduire leurs marges de manœuvre dans certains dossiers. Comme le confirment des banquiers d’affaires, certains fonds ont en effet été contraints, en raison d’un coût d’emprunt qui a presque doublé depuis le début de l’année et de vendeurs inflexibles sur la valorisation attendue, de renoncer à des deals.
Alors que les banquiers de financement n’anticipent pas d’embellie sur ce front avant le début de 2023 au mieux, une catégorie d’acteurs pourrait tirer son épingle du jeu : les fonds d’infrastructures. « Investissant sur le long terme, ceux-ci financent très souvent l’intégralité de leurs opérations en fonds propres et sont à ce titre peu, voire pas, affectés par la dégradation des marchés de financement, observe Cyril Kammoun, CEO et managing partner de Degroof Petercam. Dans ce cadre, beaucoup en ont profité pour se montrer très actifs et se positionner sur de nouveaux secteurs, comme la santé (entrée d’InfraVia au capital du réseau vétérinaire Univet), l’éducation et la technologie. » À l’instar des fonds de capital-investissement, les fonds infras ont accumulé d’importantes ressources ces dernières années (9,5 milliards d’euros levés entre 2017 et 2021 selon France Invest) et disposent donc d’une force de frappe très significative.

Question 5

Les stratégiques ont de la ressource

Accepted Answer

Et le gagnant est… l’industriel ! Dans un nombre significatif de dossiers récents, les banquiers d’affaires constatent que le bras de fer entre les sponsors et les stratégiques a tourné à l’avantage de ces derniers. En cause, notamment : l’envolée des taux d’emprunt. « Récemment, nous étions en concurrence avec une entreprise en capacité de satisfaire les exigences élevées du vendeur, tout en payant cash la totalité de la transaction, évoque un GP nordiste. En intégrant le coût de la dette, notre offre n’était plus compétitive. » Au deuxième trimestre, ce changement de rapport de force n’était certes pas visible dans l’indice Argos (multiple médian payé de 10,8 fois l’Ebitda pour les fonds, contre 9,9 fois pour les stratégiques), mais la donne pourrait rapidement changer. Bien qu’affectée par l’inflation et la hausse des salaires, la trésorerie cumulée des sociétés non financières hexagonales avoisinait en juillet dernier 897 milliards d’euros, selon les derniers chiffres de la Banque de France.

Midmarket : jusqu’ici, tout va (presque) bien

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