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D.R.

Qu’il ait été empreint de méthode Coué ou d’une vraie sincérité, le léger vent d’optimisme qui semblait souffler sur le marché du M&A l’année dernière a laissé place à un sentiment de fatalisme mâtiné d’une sensibilité exacerbée au moindre choc. « La situation n’a guère évolué depuis 18 à 24 mois, à savoir que l’activité n’est pas à l’arrêt tout en se maintenant à un niveau atone. Quelques deals et opportunités sortent, ce qui permet de garder un volume de transactions relativement stable, mais nous observons aussi que beaucoup de process, en plus de durer deux à trois mois de plus que par le passé, ne vont pas au bout, résume Michaël Azencot, partner chez Cambon Partners. L’une des raisons est que les investisseurs sont de plus en plus sélectifs et que la moindre aspérité les fait réfléchir à deux fois avant de passer le dossier en comité d’investissement. Ceux-ci se montrent d’ailleurs particulièrement exigeants envers les équipes. Plusieurs process en cours pour des entreprises valorisées autour du milliard d’euros avancent, mais avec un panel de fonds candidats très resserré ; notre quotidien est plutôt constitué de ventes d’entreprises du digital verticalisées à des corporates. »

Socle d’activité mais faible dynamique

Compte tenu du fait que la boutique fondée par David Salabi est positionnée sur des secteurs a priori relativement acycliques et soutenus par des mégatendances, comme la technologie, la santé et les services B2B, ce constat d’un attentisme généralisé n’est évidemment pas de très bon augure pour l’ensemble des autres domaines d’activité et les équipes de conseils transactionnels plus généralistes. « Il existe toujours un socle de bons actifs avec des leviers opérationnels bien identifiés par les investisseurs, ce qui garantit un niveau minimum de transactions. Le marché est d’autant moins à l’arrêt que les acteurs du private equity proposent des solutions innovantes, comme les fonds de continuation. De même, ils travaillent beaucoup plus leurs sociétés en portefeuille à travers des build-up ou des refinancements, ce qui alimente le deal flow », note Gratien de Pontville, associé chargé des transaction services chez EY-Parthenon. Illustrant le fait que la transformation opérationnelle devient un enjeu de plus en plus crucial pour les fonds, et que les entreprises qui sont prêtes à s’y soumettre auront le plus de chances de préserver ou de retrouver la croissance, et donc de séduire des investisseurs, le groupe d’audit et de conseil a choisi, en mai dernier, d’englober sous sa marque Parthenon sa branche Stratégie et transaction. Elle incarnait initialement le seul conseil en stratégie et transformation opérationnelle.

« La sélectivité des investisseurs ne fait que croître, ce qui se traduit par une prime à la spécialisation sectorielle et opérationnelle des fonds. Afin d’identifier correctement les leviers de plus-value future, ceux-ci prennent plus de temps que par le passé pour mener à bien leurs due diligences. En outre, le nombre de “bidders” sur un actif tend à diminuer », poursuit le partner, qui reconnaît lui aussi que la capacité qu’a son équipe à travailler aussi bien avec des corporates qu’avec des acteurs du private equity lui procure un amortisseur bienvenu. Apanage de la plupart des banques d’affaires, ce double deal flow est alimenté côté corporates par les revues stratégiques qu’ils mènent et qui les conduisent, le cas échéant, à se séparer de leurs activités les moins « core business ». « Nous observons un mouvement très fort de la part des industriels, qui devrait se poursuivre en 2026, de rationalisation de leurs portefeuilles d’actifs. Cela s’explique par le fait que la période est moins propice à du développement international de grande ampleur, compte tenu des incertitudes géopolitiques persistantes, ce qui leur permet de se concentrer sur cette optimisation, confirme Firas Abou Merhi, partner Global head of financial advisory chez Forvis Mazars. Les opérations de carve-out qui s’ensuivent généralement devraient être particulièrement attractives pour des fonds : ces sociétés, ex-filiales de grands groupes, sont le plus souvent bien structurées et de qualité. Pourtant, nous avons vu à plusieurs reprises des candidats à de telles transactions se retirer assez vite des process, certainement parce qu’ils avaient identifié un défaut dans le dossier ou que leurs critères d’appréciation des dossiers sont particulièrement exigeants actuellement. »

« Les conditions de financement sont en faveur d’une reprise de l’activité M&A et globalement favorables aux emprunteurs, qui bénéficient de surcroît d’une concurrence toujours forte entre les banques et les fonds de dette privée », Virginie Gasnier, Alvarez & Marsal

Conditions de financement favorables

Dévoilés le 16 octobre, les chiffres d’activité de France Invest pour le premier semestre illustrent parfaitement ce sentiment partagé par les praticiens du marché. En effet, ils mettent en lumière une stagnation quasiment parfaite du nombre d’entreprises françaises ayant fait l’objet d’un investissement de la part d’un fonds : 1 365 ont été dans ce cas durant les six premiers mois de 2025 ; elles étaient 1 383 à la fin de juin 2024. Sur la période 2019-2024, la moyenne semestrielle calculée par France Invest s’élève à 1 361 sociétés. En valeur, le constat est analogue voire légèrement moins favorable : 10,1 milliards d’euros ont été déployés entre janvier et juin de cette année, au plus bas depuis le deuxième semestre de 2020 et loin de la moyenne semestrielle de 11,4 milliards qui a caractérisé les cinq dernières années. « La baisse des montants investis s’observe principalement sur les opérations supérieures à 100 millions d’euros (-18 % vs le premier semestre de 2024). Le segment du midcap se maintient (tickets entre 5 et 100 millions d’euros : 5 milliards d’euros investis dans 274 entreprises vs 5 milliards d’euros dans 273 entreprises au premier semestre de 2024) », peut-on lire dans le rapport de l’association professionnelle, qui indique aussi que le second semestre est traditionnellement plus dynamique et que « le ralentissement par rapport au second semestre de 2024 est à nuancer ».

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