Skip to main content
D.R.

Les 10 doigts des deux mains suffisent pour se faire une idée assez fidèle à la réalité de l’environnement concurrentiel dans lequel évoluent les fonds de private equity en Bourgogne-Franche-Comté et Centre-Val de Loire. De fait, un coup d’œil aux cartes réalisées par France Invest permet de constater que la pénétration du capital-investissement dans ces deux régions est parmi la plus faible de l’Hexagone. En 2024, 125 millions d’euros ont été déployés dans 32 entreprises de Bourgogne-Franche-Comté et 274 millions l’ont été dans 36 sociétés en Centre-Val de Loire. Cela représente 1,5 % des montants investis à l’échelle nationale et 2,5 % du nombre d’entreprises soutenues par le capital-investissement français l’année dernière. La situation n’était guère plus favorable en 2023, avec 177 millions d’euros mis au travail entre Dijon et Besançon dans 41 participations et 242 millions d’euros injectés au capital de 42 PME implantées dans les environs de Tours et d’Orléans. En fonction des exercices, la Normandie peut venir compléter cette « transversale du vide » métropolitaine.

« Notre territoire de Bourgogne-Franche-Comté est vaste avec assez peu d’entreprises qui émergent dans les radars des fonds. Néanmoins, les choses tendent plutôt à s’améliorer depuis la crise sanitaire avec un flux plus régulier de dossiers qui nous parviennent. Cela dit, les opérations qui se bouclent sont le plus souvent de petite taille, avec des besoins de financement inférieurs à 5 millions d’euros, ce qui implique beaucoup d’efforts de sourcing et de structuration pour mettre au travail des montants limités », constate Bénédicte de Chevigny, directrice associée d’UI Investissement basée à Besançon. Depuis son rachat en 2020 d’Invest PME, régional de l’étape implanté historiquement en Franche-Comté et qui a étendu sa couverture géographique à la Bourgogne il y a une dizaine d’années, à la suite de la création de la grande région Bourgogne-Franche-Comté, la plateforme est une des rares sociétés de gestion indépendantes à déployer des fonds dans la région. Jouant la carte du multi-régional, en relais d’un Siparex qui a réduit ses implantations locales après avoir été le premier délégataire des fonds d’Invest PME, elle se distingue également par sa couverture de la région limitrophe du Centre-Val de Loire.

Cette fois, c’est en intégrant Sofimac il y a cinq ans qu’elle a récupéré une antenne à Orléans. « Nous sommes un acteur historique de la région, puisque nous y opérons la SCR Centre Capital Développement vieille de près de 40 ans. Elle nous procure une capacité très intéressante de réaliser des investissements de petite taille, conformes au deal flow naturel du territoire essentiellement composé de PME réalisant de cinq à six millions d’euros de chiffre d’affaires, ce qui nous permet de faire un premier tri et d’aider les entreprises les plus prometteuses à atteindre une taille critique que des fonds de plus grande taille, y compris ceux gérés par UI Investissement, pourront considérer. Cela nous aide à nous créer un deal flow propriétaire de qualité sur un territoire qui n’est pas si prolifique que cela », présente Sébastien Boulard, entré chez Sofimac en 2016 et donc désormais chargé des fonds d’UI sur ce territoire.

Petite poignée d’investisseurs

À ses côtés, et à l’exception de Bpifrance dont quatre des cinquante antennes régionales se trouvent à Besançon, Dijon, Orléans, et Tours, l’essentiel des équipes d’investissement intervenant dans les deux régions est lié à des réseaux bancaires. Un trio d’établissements se détache, composé de la Caisse d’Épargne, de la Banque Populaire et du Crédit Agricole. Ce dernier y intervient via sa plateforme Carvest (Crédit Agricole Régions Investissement). Celle-ci regroupe 11 des 39 caisses régionales du groupe bancaire, parmi lesquelles figurent celles de Champagne-Bourgogne (Troyes) et de Franche-Comté (Besançon) depuis 2006, et de Centre-Loire (Bourges), Val de France (Chartres) et Centre Ouest (Orléans) depuis 2008. Elle déploie les fonds propres de ses affiliés à partir de cinq bureaux, dont deux sont situés à Dijon et Orléans. Dernièrement, UI Investissement et Carvest ont accompagné la transmission du bureau d’études tourangeau spécialisé dans la prévention incendie Exitis.

Avec cette (petite) poignée d’équipes d’investissement actives sur une zone vaste, la question se pose évidemment de savoir si cette couverture limitée est la raison de la faible dynamique transactionnelle. Comme souvent, l’autre alternative est bien sûr de considérer que le deal flow n’est pas suffisant pour alimenter un trop grand nombre de fonds. « Dans notre activité quotidienne, nous avons un flux de dossiers relativement important compte tenu de notre position sur le marché des entreprises. En revanche, le fait que peu d’informations remontent, par exemple à France Invest et dans les médias spécialisés, explique sans doute en partie cette impression d’un marché local peu dynamique. Cela dit, il est vrai qu’il est nécessaire de structurer davantage la remontée d’informations. D’autre part, l’évangélisation est encore nécessaire pour amener certains dirigeants à franchir le pas », témoigne Willan Arezki, investisseur chez BFC Croissance, filiale de capital-investissement détenue à 100 % par Banque Populaire Bourgogne Franche-Comté. Refondue il y a deux ans sous l’égide de Jean-Sébastien Guinchard, recentrée sur le capital-développement et le LBO en délaissant le capital-risque, portée par une équipe redynamisée de quatre personnes, sa stratégie se déploie à travers des tickets pouvant aller jusqu’à 3 millions d’euros avec pour objectif d’investir au total une quinzaine de millions sur la période 2023-2028. « Nous recevons une centaine de dossiers par an environ, essentiellement de PME réalisant entre 5 et 20 millions d’euros de chiffre d’affaires. Elles représentent la plus grande partie du tissu d’entreprises régional, avec, en complément, quelques ETI ou entreprises de plus grande taille du côté de Besançon, de Dijon et aux alentours de l’A6, précise le directeur de la gestion financière et des investissements chez Banque Populaire Bourgogne Franche-­Comté. Les secteurs qui tirent leur épingle du jeu sont la mécanique de précision dans le Jura et le Doubs, l’agroalimentaire et la santé. Nous pouvons aussi citer les secteurs de la plasturgie et du bois. Notre deal flow est aussi alimenté par des fonds nationaux leaders d’un tour à la recherche de co-investisseurs avec une empreinte locale. »

Pour accéder à l'intégralité des contenus premium, connectez-vous ci-dessous

Abonnez-vous à PEMAG et profitez de tous nos contenus premium

Vous êtes abonné ?

BNP Paribas AM dispose de 805 M€ pour Agility 2 et avance vers sa taille cibleA la uneFonds

BNP Paribas AM dispose de 805 M€ pour Agility 2 et avance vers sa taille cible

La Rédaction de Private Equity Magazine20 octobre 2025
FTI Consulting, Bpifrance, Jeito… les nominations de la semaineAccès libreA la uneFondsConseilsPeople

FTI Consulting, Bpifrance, Jeito… les nominations de la semaine

Véronique Hartemann17 octobre 2025
Xavier de Prévoisin tient bon la barre chez MBO+A la uneFondsPeople

Xavier de Prévoisin tient bon la barre chez MBO+

Edouard Lacoste Lagrange16 octobre 2025