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Antoine Ernoult-Dairaine
Antoine Ernoult-Dairaine D.R.

Attachant », c’est ce qui revient le plus souvent pour décrire Antoine Ernoult-Dairaine quand on interroge ceux qui l’ont côtoyé dans la sphère professionnelle depuis vingt ans. C’est assez surprenant comme premier qualificatif d’un investisseur, mais l’associé de Sagard cache plusieurs facettes sous des dehors plutôt réservés. « Il est brillant comme beaucoup de financiers, mais il se distingue par une intelligence humaine et relationnelle assez rares », témoigne Olivier Colleau, président exécutif de Kiloutou, qui l’a connu lors des deux cycles de LBO de Sagard au capital du groupe nordiste de location de matériel de chantier. « Ce qui m’a le plus marqué est son intérêt sincère pour l’entreprise et les équipes, son assiduité et son plaisir non feint à assister à nos séminaires », relate le dirigeant, qui a intégré le groupe en 2009 avant d’en prendre les manettes opérationnelles en 2018, à l’occasion du LBO ter de Dentressangle et HLD. Et c’est lors de la cérémonie d’adieu des investisseurs du LBO bis au Trianon qu’Olivier Colleau découvre le talent de show man insoupçonné de son ancien actionnaire. Plutôt qu’un discours convenu, Antoine Ernoult-Dairaine a chanté sur scène « Allumez le feu » de Johnny version karaoké avec des paroles réécrites sur mesure pour célébrer ses treize années d’actionnariat de Kiloutou… L’occasion de réunir sa passion pour la musique pop et son métier d’investisseur n’est pas si fréquente, alors autant la saisir ! Une prestation devant 700 personnes qui a dû en surprendre plus d’un, car l’associé de Sagard a la réputation d’être plutôt discret et pas du tout show off.

Saisir les opportunités

Ce harfleurais de naissance, fils d’un médecin et de l’ancienne adjointe à la culture de la mairie du Havre, monte à Paris dès le lycée pour intégrer le très élitiste établissement Stanislas, histoire d’avoir toutes ses chances d’y faire sa prépa. Signe avant-coureur d’une ambition dévorante ou d’une capacité dès son jeune âge à quitter le confort d’une vie facile pour un environnement plus exigeant ? Sûrement un peu des deux. Plus littéraire que matheux, il arrive tout de même à décrocher sa place à l’ESCP, même si son bulletin sans mention au bac lui sera reproché plus d’une décennie plus tard par les recruteurs de Goldman Sachs. En attendant, Antoine Ernoult-Dairaine s’amuse bien en école de commerce et s’investit à fond dans la junior entreprise, qui lui donnera goût à l’entrepreneuriat. « J’y ai découvert ma vocation d’entrepreneur, c’est d’ailleurs pour ça que je suis resté fidèle au midcap, où le rôle de l’actionnaire est crucial pour accompagner des dirigeants livrés à eux-mêmes », confie-t-il.

Mais avant de trouver sa voie dans le private equity, l’investisseur fera ses premières armes dans la banque d’affaires, un peu « par accident ». Pour sa coopé à la sortie d’école, il avait le choix entre le CCF à Milan et Andersen à Bruxelles. L’attrait de la dolce vita a sans surprise emporté l’adhésion du jeune homme de vingt-quatre ans. Ce fut une parenthèse stimulante au sein de l’équipe M&A du Crédit commercial de France qui, à la fin des années 1980 et au début des années 1990, a vu défiler les futurs cadors du private equity comme Bertrand Finet, ex-Bpifrance et Peugeot Invest, ou François de Mitry, managing partner d’Astorg après avoir été une des figures emblématiques d’ICG. L’arrivée de son premier enfant fait rentrer Antoine Ernoult-Dairaine au bercail en 1992 et intégrer la puissante cellule de banque d’affaires parisienne du CCF animée à l’époque par Marc-­Olivier Laurent, juste avant son départ pour Rothschild en 1993. Lors d’un de ses deals, il fera une rencontre déterminante pour la suite de sa carrière en sympathisant avec un jeune avocat québécois chez Sullivan & Cromwell, Jean Raby. Parti peu de temps après chez Goldman Sachs, l’ex-avocat lui conseillera de faire l’expérience des banques d’affaires anglo-saxonnes, à l’époque encore fermées aux « Frenchy ».« Il sait saisir les opportunités que lui offre la vie, et ne s’oriente pas vers les choix les plus faciles », décrit l’ancien partner de Goldman Sachs devenu associé d’Astorg en 2022. C’est ainsi qu’Antoine Ernoult-Dairaine intègre l’équipe londonienne de Salomon Brothers en 1997. Il y passera trois années formatrices, mais harassantes au bout desquelles le sacrifice de sa vie familiale finit par rendre l’équation invivable pour le père de quatre enfants, dont deux nés à Londres. Et c’est encore son ami Jean Raby qui vient à son secours en lui conseillant de passer chez Goldman Sachs, où la culture est plus « smart » et la qualité de vie au travail plus respectée malgré la réputation d’ultra-exigence de la banque. Trois années plus tard, c’est toujours le Québécois au réseau tentaculaire qui lui présente Jocelyn Lefebvre, fondateur de l’équipe européenne de Sagard, qui cherchait à recruter pour le tout nouveau bureau parisien.

REPÈRES

>>> Né le 6 décembre 1965 à Harfleur (Seine-Maritime)

>>> 1988 : diplômé de l’ESCP

>>> 1989-1997 : chargé d’affaires M&A au CCF

>>> 1997-2000 : vice-président chez Salomon Brothers à Londres

>>> 2000-2003 : vice-président chez Goldman Sachs à Londres puis Paris

>>> Depuis 2003 : associé chez Sagard

Sagard

>>> Contrôlée par la famille canadienne Desmarais, la société de gestion est active sur le marché du LBO midcap français depuis le début des années 2000. Depuis 2008, l’équipe parisienne affiche une moyenne de 3,3 fois la mise sur ses cessions et vient de commencer la levée de son cinquième millésime avec l’objectif de collecter 1 milliard d’euros, versus 830 millions pour Sagard MidCap 4. Autour de la famille Desmarais, le fonds midmarket a fédéré un socle de 26 familles qui ont apporté les deux tiers de la collecte du millésime précédent. L’objectif pour le prochain est de séduire plus de LPs institutionnels, tout en fidélisant sa base de familles entrepreneuriales

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