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Enquete

Apax booste Infopro Digital à coup de build-up 03.10.16

Apax booste  Infopro Digital à coup  de build-up
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Acteur de l’information professionnelle en France, Infopro Digital a fait entrer à son capital Apax Partners dans le but de maintenir sa croissance à 25 % en moyenne par an. Défi réussi pour l’entreprise, qui a réalisé 12 build-up.
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Augmenter son chiffre d’affaires et sa productivité est le but recherché par tout entrepreneur. Parti de ce constat, Christophe Czajka souhaite développer des solutions plurimédia à destination des professionnels pour les aider à atteindre cet objectif. Cet ancien managing director chez Bertelsmann, groupe de médias allemand qui détient notamment RTL Group, crée ainsi en 2001 son entreprise, Infopro Communications, qui deviendra en 2012 Infopro Digital. Détenue par le fonds américain Towerbrook depuis sa fondation, la société propose trois types d’activité BtoB : la création de bases de données, l’organisation de salons et une activité de presse écrite.

Soutien aux entrepreneurs

Après six ans au capital du groupe, la société de gestion américaine décide avec le management de vendre la totalité de ses parts. « Nous recherchions un investisseur qui puisse financer la croissance du groupe, qui est de 25 % en moyenne par an », se souvient Christophe Czajka, président d’Infopro Digital. Apax Partners, qui a une bonne connaissance du secteur de l’information professionnelle, se montre très intéressé par ce deal. « Notre stratégie est d’investir par secteur, notamment dans les médias. Nous connaissions bien le marché de l’information professionnelle, ayant été actionnaires du groupe Aprovia (Le Moniteur, LSA) entre 2001 et 2005. Christophe Czajka, que nous connaissions comme un entrepreneur hors pair, et nous, avons décidé de travailler ensemble pour soutenir le projet de développement d’Infopro, défini sur la vision très claire que Christophe avait du marché tel qu’il serait dans cinq-six ans », explique Thomas de Villeneuve, directeur associé chez Apax Partners. Le processus d’enchères se déroule entre janvier et juin 2007. Apax n’est pas seul sur l’opération. Beaucoup de fonds sont intéressés, et deux tours d’enchères sont nécessaires pour les départager. Au final, Apax remportera le deal et deviendra majoritaire au capital (56%) aux côtés du management. L’offre de rachat aurait été supérieure à 200 millions d’euros.

Build-up successifs

L’objectif pour l’investisseur et le dirigeant est clair : maintenir le groupe à des taux de croissance annuels élevés et ainsi devenir le leader français de l’information professionnelle. Apax a anticipé cet objectif. Présent depuis 2002 et de façon minoritaire au capital de la société Gisi, filiale du groupe Aprovia et acteur de la presse professionnelle en France (LSA, L’Usine Nouvelle, etc.), Apax avait négocié avec les autres actionnaires, Cinven et Carlyle, un éventuel build-up une fois le rachat d’Infopro Communications acquis. L’opération est alors conclue en novembre 2007 pour un montant d’environ 31 millions d’euros, et constitue la première acquisition du groupe. Avec un chiffre d’affaires de 51 millions d’euros et un Ebitda de 5,6 millions d’euros en 2006, Gisi permet à l’entreprise de Christophe Czajka de doubler son chiffre d’affaires, qui atteint 120 millions d’euros. « Cette acquisition nous a permis de poursuivre notre croissance et de nous positionner sur de nouveaux secteurs comme celui de l’assurance avec la reprise du magazine L’Argus de l’assurance, détenu par le groupe Gisi », explicite l’entrepreneur.

Pour devenir numéro un français, la stratégie du groupe consiste donc à se développer par croissance externe en se spécialisant sur de nouveaux secteurs d’activité. « Au total, au cours de notre collaboration, nous avons réalisé 12 build-up. Le groupe est aujourd’hui présent dans le domaine de l’assurance, de l’automobile, de la construction, de la distribution, de l’industrie et du tourisme », retrace Thomas de Villeneuve.

Objectif atteint

Parmi toutes ces opérations, une en particulier va donner une nouvelle dimension au groupe. Il s’agit de la reprise du concurrent Le Moniteur, leader en France dans le domaine de la presse BTP. Détenue par Bridgepoint depuis 2006, l’entreprise enclenche un processus de vente en mai 2012. Apax, qui avait prévu de sortir du capital d’Infopro en 2013, s’engage tout de même dans le processus d’achat aux côtés du management. « Acquérir le Groupe Moniteur était une opportunité unique pour Infopro d’atteindre son objectif avec un potentiel de croissance très fort », se rappelle Thomas de Villeneuve. Cependant, la cible connaît de grosses difficultés financières comprenant notamment un fort taux d’endettement, et l’opération se révèle compliquée à mener. « Nous avons finalement signé l’acquisition au bout d’un an et demi de négociations et, par conséquent, sommes devenus leader de l’information professionnelle en France », se félicite Christophe Czajka.

Transformation digitale

Outre des opérations de croissance externe, le groupe va également se développer grâce à une stratégie de digitalisation. Pour autant, il n’a pas attendu la venue d’Apax pour s’engager dans cette voie. Thomas de Villeneuve se souvient qu’une stratégie digitale était déjà à l’œuvre au moment où Apax est devenu actionnaire : « Il existait par exemple des bases de données concernant les secteurs d’activité dans lesquels le groupe était spécialisé. Cependant, le champ des opportunités digitales était encore vaste. »

La société de gestion va donc accompagner le fondateur dans le développement de nouveaux produits digitaux comme le lancement de sites internet, de sites de génération de leads, de plateformes d’offres d’emploi ou des bases de données et softwares. Aujourd’hui, 45 % de l’activité du groupe hors salon est digitale. Concernant l’activité automobile, la transformation est encore plus marquée. « Alors que nous proposions des contenus 100 % papier lorsque nous nous sommes créés, ils sont aujourd’hui à 90 % digitalisés », explique le dirigeant d’entreprise.

Retour de Towerbrook

Toutes ces transformations ont permis à l’entreprise d’augmenter significativement sa taille. Entre 2007 et 2016, son chiffre d’affaires a ainsi été multiplié par cinq, passant de 60 à 300 millions d’euros, et son effectif a plus que quintuplé, passant de 416 à 2 400 salariés. Suite à ces bons résultats, l’entreprise souhaite se développer à l’international. « Cette nouvelle étape était l’occasion de passer la main à un nouvel actionnaire pour accompagner Infopro Digital dans ce nouveau défi. Nous avons donc décidé de vendre l’ensemble de nos parts », indique Thomas de Villeneuve.

La société de gestion, qui avait envisagé de sortir du capital en 2013, met alors fin à sa collaboration en février 2016 et signe un accord d’exclusivité avec Towerbrook, qui connaît bien le groupe, pour la cession de la majorité du capital. Le deal est conclu au mois de juin. La société de gestion Altamir, qui a co-investi avec Apax, sort également du capital contre une somme de 93,5 millions d’euros, soit près de trois fois sa mise.

Dans un secteur pourtant en crise, Infopro Digital a donc relevé le défi de digitaliser l’information professionnelle. Aujourd’hui, elle se met en position de sortir de ses frontières et souhaite concurrencer les acteurs internationaux. Jusqu’à devenir un jour numéro un mondial ?

Antoine Mahut

VISIONS CROISÉES Afficher tout

VISIONS  CROISÉESThomas de Villeneuve (à gauche), directeur associé, Apax Partners, et Christophe Czajka, président, Infopro Digital
© D.R.

PEM : Avez-vous connu des coups durs ?

Thomas de Villeneuve : Dans le business plan constitué avec Christophe et le management lors de notre arrivée au capital, nous avions envisagé une transition du chiffre d’affaires prenant en compte une baisse du chiffre d’affaires publicitaire traditionnel. Au lieu de s’étaler sur cinq ans, la baisse des ventes publicitaires s’est concentrée sur un an et demi face à la crise économique de 2009-2010. Il était difficile de le prévenir.

Christophe Czajka : Nous n’avons pas eu de coups durs du fait qu’il y a toujours eu du respect entre nous. Apax Partners a investi en juillet 2007, à un moment qui était terrible. Le plan de développement a été ralenti, et nous avons connu deux années post-crise difficiles. Pour autant, nous n’avons jamais douté l’un et l’autre.

PEM : Pourquoi avoir décidé de changer de nom ?

T. de V. : En devenant Infopro Digital, nous souhaitions insister sur l’intention de l’entreprise et la transformation digitale de ses métiers.

C. C. : Comme nous commencions à prendre un virage digital dans les activités que nous proposions, j’ai décidé en 2012 de changer le nom d’Infopro Communications en Infopro Digital. Ce n’est pas une révolution créatrice extrêmement puissante, mais je la jugeais nécessaire.

PEM : Comment s’est déroulée la sortie ?

T. de V. : La sortie s’est très bien déroulée à la fois avec Christophe, les équipes de management et celles du repreneur qui connaissait le dirigeant et le secteur d’activité. Mais je crois qu’ils ont dû avoir du mal à reconnaître l’entreprise qu’ils avaient financée en 2000. Elle a, depuis, quintuplé son chiffre d’affaires.

C. C. : Apax Partners devait déjà sortir en 2013. Cependant, suite à l’opportunité qui nous était présentée de reprendre le groupe Le Moniteur, les équipes ont décidé de nous suivre dans cette aventure. C’était pourtant tout à fait légitime qu’ils aient envie de sortir après six ans passés à nos côtés. Trois ans plus tard, il était donc normal qu’ils revendent leurs parts.

REPERES Afficher tout

>>> 2001 : Création du groupe Infopro Communications par Christophe Czajka. Premier LBO avec l’entrée de Towerbrook au capital. >>> 2007 : Sortie de Towerbrook et deuxième LBO avec Apax Partners (56 %). CA : 60 M€. Effectif : 416 personnes. Premier build-up avec le rachat de Gisi. CA : 120 M€. >>> 2012 : Infopro Communications devient Infopro Digital. >>> 2013 : Acquisition du Groupe Moniteur détenu par Bridgepoint. Infopro Digital devient le leader français de l’information professionnelle. >>> 2016 : Sortie du fonds Apax Partners et troisième LBO avec Towerbrook. CA : 300 M€. Effectif : 2 400 salariés.

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