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L'histoire

Meilleurtaux.com : courtier pionnier en prêts immobiliers 22.11.07

Meilleurtaux.com : courtier pionnier en prêts immobiliers
Lancé en 1999 comme un site Internet, Meilleurtaux n’a pas subi l’éclatement de la bulle : il s’est construit rapidement sur un modèle d’entreprise plus globale, de courtage en prêts immobiliers. Avec le soutien de Ventech notamment.
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Meilleurtaux.com : courtier pionnier en prêts immobiliers
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Tout paraît si simple pour la société Meilleurtaux.com, introduite en Bourse l’an dernier dans la foulée d’un développement prometteur. Et pourtant, ce site avait été lancé juste quelques mois avant l’éclatement de la bulle, dans un contexte qui n’allait plus devenir si favorable à l’Internet. «En 1999, je discutais avec mon beau-frère qui cherchait un prêt immobilier quand je me suis aperçu qu’il n’avait vu que 2 banques, explique Christophe Crémer, Pdg de Meilleurtaux. J’ai pensé qu’Internet devait pouvoir aider les particuliers à comparer plusieurs offres», poursuit cet entrepreneur qui avait déjà créé une société d’édition de logiciels de gestion bancaire (Siebel). Il commence par faire le tour des banques et des partenaires potentiels en vue d’organiser son projet. Dès novembre 1999, alors que le site n’est qu’à l’état de maquette, il lance un appel à quelques capital-investisseurs… Chez Natexis, l'équipe de Ventech répond très vite oui, et apporte 5 millions de francs en amorçage, qui seront complétés dès mars 2000 par un premier tour de 36 millions de francs auprès de : Ventech toujours (avec près de 28% du capital), mais également Galileo (17%) et Edmond de Rothschild Investment Partners (9,7%). «Nous avions étudié plusieurs sujets en lien avec Internet, dont le crédit immobilier, explique Alain Caffi, directeur associé de Ventech. Mais nous avons été surtout convaincus par l’entrepreneur, Christophe Crémer.»

Banques réticentes au départ
Presqu’en même temps, le site est lancé avec un gros développement informatique. Comme pour les autres moteurs de comparaison lancés à cette époque (Kelkoo ou 123prêts, qui ne survivra pas), l’activité démarre lentement : il faut convaincre les banques commerciales, très réticentes face à ce concept qui leur demandait d’accepter d’être mise en concurrence frontale les unes avec les autres. «Au départ, nous n’avions que 4 banques partenaires», explique le fondateur. En 2000, la société mène un large programme marketing en sachant bien que c’est le trafic sur son site qui imposera aux banques d’y venir aussi. Et, alors que le produit n’avait été pensé que par l’Internet et le téléphone, l’équipe décide très vite d’ouvrir des agences de courtage pour relayer ses conseillers téléphoniques, proposer un contact personnalisé et éventuellement se substituer à l’agence bancaire. A la différence près que l’emprunteur peut voir toute l’offre du marché ou presque en un seul rendez-vous…
La première agence est ouverte à Paris dans le xvième en 2001. Puis une autre très rapidement. Ces développements entraînent de nouveaux investissements, «parfois un peu coûteux», alors même que ce n’est plus le moment de faire appel à de nouveaux capitaux. Le premier chiffre d’affaires est annoncé avec 2 millions d’euros en 2002, pour seulement 5 agences. Et les premiers bénéfices arrivent avec 1 million d’euros en 2003. «Petit à petit, les banques comprennent que les clients Internet sont sérieux, que l’on ne peut plus se passer de ce média, et qu’un partenariat leur offrira des opportunités de rallier de nouveaux clients.» Là où certaines demandes de prêt ne trouvaient alors pas de réponse faute de banques correspondantes, le réseau se développe jusqu’à dépasser aujourd’hui la centaine d’établissements : presque toutes les banques commerciales françaises à quelques exceptions régionales près. Elles y voient aussi un moyen d’améliorer leur productivité grâce au filtrage et à la préparation du dossier du candidat à l’emprunt.
La combinaison modèle Internet/modèle traditionnel, avec un réseau d’agences de proximité, prend bien, au grand bonheur des VCs. L’histoire s’accélère en 2004, avec 6 300 dossiers de prêts conseillés pour 10,4 millions d’euros de chiffre d’affaires*, même si les résultats baissent un peu du fait d’un rythme soutenu d’ouvertures (18 au total). Puis encore en 2005 avec 17 800 dossiers traités (sur 300 500 reçus), 26,2 millions de chiffre d’affaires, et à nouveau 10% de résultat d’exploitation. Outre un cycle favorable à l’immobilier, la start-up bénéficie des parts de marché gagnées par les courtiers (de 15 à 18% quand ils représentent 60% du marché immobilier aux Etats-Unis) et bien sûr du boom de l’Internet, même si celui-ci est moins rapide que prévu. «Ces deux vecteurs collaborent à notre expansion, avoue Christophe Crémer, même si nous représentons encore moins de 2% du marché.» L’avenir du réseau passera par le développement d’agences, avec une quinzaine d’ouvertures par an, notamment dans toutes les villes moyennes comme Le Mans, Angers, Dijon, etc. où Meilleurtaux n’est pas encore présent.
Quant au printemps 2005 les perspectives se sont avérées bonnes à moyen terme – l’entreprise devrait atteindre 47 ou 48 millions d’euros de chiffre d’affaires pour 2006 et vise les 100 millions d’ici à deux ans – aucun des actionnaires n’a plus eu envie de vendre. Mais la création d’Alternext leur a donné l’idée de rendre le capital plus liquide (et de l’augmenter de 10%, avec plus de 4 millions d’euros levés). L’IPO menée le 17 mai 2005, la première sur ce nouveau marché d’Euronext Paris, a même été un coup de pub supplémentaire pour la marque. «Synonyme de visibilité et d’information, la Bourse donne une image valorisante auprès du client», estime Alain Caffi, qui le décrit «plutôt haut de gamme» (avec un montant d’emprunt près de 3 fois supérieur à la moyenne). Introduite à 13,70 euros, l’action est montée progressivement jusqu’en décembre, avant de grimper jusqu’à 44,39 euros entre janvier et mars, après l’annonce de résultats plus que conformes aux attentes, et de redescendre autour de 35 euros ces dernières semaines.
La sortie sera de toute manière très progressive pour des VCs très attachés à cette aventure : «Lorsqu’en décembre, j’ai été invité à la première fête de fin d’année d’une entreprise de plus de 400 salariés [530 aujourd’hui], j’ai repensé à ces 20 pages de papier qui étaient sur mon bureau en 1999 et j’ai trouvé ça émouvant et gratifiant, conclut Alain Caffi, en passionné : 2000, 2001, 2002, 2003… dans toute création d’entreprise, il y a une longue période d’incertitudes où il faut une grande cohésion entre les différents intervenants, managers et investisseurs. Mais quand ça marche comme Meilleurtaux, c’est une vraie création de valeur.»
Fabrice Anselmi

Visions croisées Meilleurtaux.com/Ventech

Christophe Crémer, président-fondateur de Meilleurtaux.com, et Alain Caffi, directeur associé de Ventech, reviennent sur ce partenariat.
Private Equity : Comment est née cette aventure commune ?
Christophe Crémer : Dès le lancement, j’avais besoin de partenaires financiers et j’ai fait appels à des fonds d’investissement, sans avoir trop de temps pour les rencontrer tous. L’équipe de Ventech a répondu très vite et l’aventure a pu commencer.
Alain Caffi : Nous avions reçu une dizaine de dossiers sur les prêts immobiliers en ligne. Mais nous avons été séduits par l’homme, son côté visionnaire, très bon communiquant, avec aussi une énorme capacité de travail et à bien s’entourer. Nous n’avons pas été déçus.
Private Equity : Comment s’est déroulé votre partenariat ?
CC : Structurellement, les VCs ne gèrent pas l’entreprise. Ils sont là pour aider le manager, lui apporter un retour d’expériences, une somme de compétences complémentaires, par exemple leur savoir sur le projet et le déroulement de l’IPO. Ils ne jouent pas tout sur un patron, mais aussi sur l’équipe qui l’entoure.
AC : Même si nous ne sommes pas dans le day-to-day, nous sommes toujours administrateurs et donc impliqués dans les décisions stratégiques – comme quand Meilleurtaux a changé son modèle économique en arrêtant de faire payer aux banques la présentation des clients en 2002 – et dans le recrutement des personnes-clés. Outre l’appréciation des projets, nous faisons avant tout un métier de chasseur de têtes.
Private Equity : Comment voyez-vous l’avenir ?
CC : Nous allons continuer le programme d’ouverture des agences (en franchise dans les petites villes), en parallèle du lancement de nouveaux produits, comme depuis peu nos offres de courtage «assurances emprunteurs» et «assurance-vie». Nous développons aussi nos plateformes informatiques et rechercherons peut-être des opportunités de croissance externe.
AC : Pour nous, la sortie sera progressive et au profit d’un actionnariat solide, de financiers capables d’accompagner la forte croissance de l’entreprise dans le temps. Pour Meilleurtaux, un cycle de l’immobilier moins favorable avec une hausse des taux se traduirait par un besoin de comparatifs accrus et donc naturellement par une progression des parts de marché.
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