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L'histoire

Péters Surgical tisse son avenir avec UI Gestion 27.11.13

Avec le soutien d'UI Gestion accompagné par Bpifrance et NCI Gestion, le fabricant des sutures s'est imposé sur la scène mondiale face aux géants américains. Après une première phase de développement exemplaire, Péters Surgical vise l'internatinal avec Eurazeo PME.
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Sorti du giron du groupe familial Sofilab en 2009, Péters Surgical, fabricant de sutures chirurgicales, de drains et de renforts de parois, vient d’être cédé à Eurazeo PME pour près de 45 millions d’euros ; une valorisation de près de 7 fois l’Ebitda, pour une entreprise qui valait environ 12 millions d’euros lors de son premier LBO. « Péters Surgical a réussi un parcours exemplaire : renforcement de la capacité d’innovation, élargissement des gammes de produits, internationalisation, croissance externe, remboursement de la dette d’acquisition, tous les ingrédients d’un accompagnement réussi en private equity ont été réunis », se félicite Olivier Jarrousse, associé gérant d’UI Gestion, l’actionnaire majoritaire sortant. En un peu moins de quatre ans, la PME fondée en 1926, spécialisée dans les dispositifs médicaux à usage unique pour les blocs opératoires, s’est imposée sur le marché en challenger des mastodontes américains. Face aux géants Covidien et Ethicon, qui pèsent à eux deux 80 % du marché de la suture, Péters Surgical s’est hissé au quatrième rang mondial après Braun, et au troisième rang dans l’Hexagone.

Au cours de son histoire, l’entreprise presque centenaire a connu plusieurs actionnaires. Acquise en 2002 à la barre du tribunal par le groupe familial Sofilab, elle a été cédée en 2009 par son propriétaire, Jacques Chemel, qui souhaitait réaliser une partie de son patrimoine. C’est à cette occasion qu’UI Gestion est entré en majoritaire. La société de gestion a investi à l’époque près de 6 millions d’euros pour obtenir un peu plus de 50 % du capital du fabricant de matériel pour sutures. L’opération a associé le FSI via CDC Entreprises (devenu Bpifrance), souscripteur des fonds d’UI Gestion, et NCI, structure normande de capital investissement ; les investisseurs financiers totalisaient la très large majorité du capital, aux côtés du management conduit par le directeur général, Jean-Marc Chalot.

Arrivé en 2003 chez Péters Surgical, Jean-Marc Chalot, à la fois centralien et pharmacien, a piloté le développement de la société. Avec l’appui de ses nouveaux investisseurs, il a en premier lieu assuré sa prise d’autonomie en créant une organisation indépendante : création d’une direction financière et d’un service de contrôle de gestion, renforcement de la structure managériale avec la montée en puissance du DGA Thierry Col (directeur commercial) et du Comité de direction. Un plan de développement ambitieux a été défini avec, au menu, un programme volontariste de croissance organique. Faisant de la suture un axe de développement prioritaire, les dirigeants de Péters Surgical ont détecté des possibilités de conquête de parts de marché. En s’appuyant sur son département de R&D – six personnes dédiées à l’innovation –, Péters Surgical a complété ses gammes de produits. Sur un marché domestique de 80 millions d’euros, la part de Péters Surgical est passée de 8,6 % à 12,3 %, et la société compte désormais un millier de clients, hôpitaux et cliniques. La suture représente aujourd’hui près des deux tiers de son chiffre d’affaires. Parallèlement, l’entreprise a renforcé sa position en France avec l’acquisition de Surgical IOC : en 2012, le rachat de cette société stéphanoise en procédure de sauvegarde a complété son positionnement dans le domaine des renforts de parois utilisés en chirurgie digestive. Grâce à ces opérations de croissance organique et de croissance externe, le chiffre d’affaires de Péters Surgical en France est ainsi passé de 15 millions d’euros à 18 millions entre 2009 et 2013.

Dans le même temps, sous la houlette de ses nouveaux actionnaires, Péters Surgical a accru son volume d’activités à l’exportation, qui représente aujourd’hui un peu plus de la moitié de son chiffre d’affaires. Présent dans 75 pays, Péters Surgical dispose de 150 distributeurs. « Ses produits sont une alternative à ceux des deux géants américains », estime François Gressant, directeur associé chez UI Gestion. L’investisseur a soutenu le choix de la société de se développer en Algérie, l’un de ses principaux marchés à l’export où elle a réalisé un chiffre d’affaires de 7 millions d’euros en 2012. Dans ce pays où elle est présente depuis de longues années, Péters Surgical a noué un partenariat structurant, en concluant un accord de joint-venture avec une entreprise locale pour y créer un site de production. Dans le même temps, pour répondre à la demande croissante, les sites de production à Saint-Étienne et à Bangkok ont vu leur efficience renforcée. Présente depuis 1998 en Thaïlande, Péters Surgical y emploie 220 salariés dédiés à l’assemblage des produits.

Forte de ces résultats, la société envisage maintenant de développer le « grand export », notamment vers l’Asie et l’Amérique du Sud. « Les projets dirigeants donnaient le coup d’envoi d’une nouvelle phase de développement, avec un potentiel significatif d’acquisitions complémentaires à l’international. Il nous a semblé qu’une évolution du capital pourrait être favorable à ce projet et nous avons recherché un investisseur capable de soutenir ce fort potentiel de croissance », explique François Gressant. Avec l’accord du management, un processus classique de sortie a donc été enclenché avec l’entremise de la banque Rothschild (Transaction R). Ayant réussi un parcours sans faute, la petite pépite, seule entreprise française à fabriquer et commercialiser des produits de sutures chirurgicales, a suscité l’attrait de plusieurs investisseurs. C’est finalement Eurazeo PME qui a repris 90 % du capital en juillet dernier, la valorisant sept fois l’Ebitda. « La valorisation de la société a été multipliée par quatre en trois ans et demi d’accompagnement. Nous sommes extrêmement fiers d’avoir participé à ce projet. La création de valeur a matérialisé la réussite de la mise en oeuvre de nombreux leviers au cours d’un partenariat fort entre dirigeants et investisseurs. Après une sortie réussie du groupe familial dont elle était issue et une première phase de développement remarquable, Péters Surgical est dorénavant prête à soutenir un projet de croissance ambitieux », commente Olivier Jarrousse. La société prévoit notamment de doubler en cinq ans sa part de marché dans le domaine de la suture, en France, tout en poursuivant sa croissance à l’export.

Florence Klein

Repères

> 2009 : Péters Surgical, branche du groupe familial Sofilab, est reprise par UI Gestion (>50 %), associé à CDC Entreprises devenu Bpifrance (30 %) et à NCI (8 %). Les managers entrent au capital.

 

> 2012 : Acquisition de Surgical IOC, élargissement de la gamme de produits.

 

> 2012-2013 : Signature d’un accord de joint-venture pour implanter un site de production en Algérie.

 

> 2013 : Accroissement des ventes à l’international : l’export représente plus de 50 % du CA.

 

> Juin 2013 : Eurazeo PME devient le nouvel actionnaire (90 %). Péters Surgical est valorisée 45 M¤.

Visions croisées

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    Olivier Jarrousse
    Olivier Jarrousse
    © D.R.

Olivier Jarrousse, associé gérant d'UI Gestion et Jean-Marc Chalot, PDG de Péters Surgical 

 

Private Equity MAGAZINE : Comment vous êtes-vous choisis ?

Olivier Jarrousse : UI Gestion est spécialisé dans les PME françaises rentables, affichant entre 2 M¤ et 100 M¤ de CA. Quoique généralistes, nous suivons avec intérêt les entreprises du domaine médical, un secteur sur lequel UI Gestion intervient depuis le quatrième trimestre 2012 avec son fonds Cap Santé. Péters Surgical nous a séduits par ses perspectives de croissance et la qualité de son plan de développement

Jean-Marc Chalot : Lors de la sortie de Péters Surgical d’un groupe familial, j’ai participé, en tant que dirigeant et potentiel repreneur en LBO, au choix de notre nouvel actionnaire. L’équipe d’UI Gestion nous a convaincus par ses qualités humaines, sa capacité d’écoute et son relationnel. La société de gestion ayant déjà investi dans Didactic, une autre entreprise du secteur, était déjà familière de l’univers des dispositifs médicaux dans lequel nous évoluons.

 

PEM : Quelles ont été les étapes marquantes de cette période ?

O. J. : Tout en menant sa structuration en tant qu’entreprise indépendante, avec notamment la création d’une direction financière et la montée en puissance de son équipe managériale, Péters Surgical a mené son projet de développement à un rythme soutenu. Sur le marché domestique, l’entreprise a augmenté sa part de marché, tout en amplifiant son développement à l’export. Une opération de croissance externe et la mise en place de partenariats en Algérie ont été des moments-clés.

J.-M. C. : Le développement de notre gamme de produits a constitué l’une de nos priorités. C’est ainsi qu’avec le soutien de nos investisseurs, nous avons acquis en 2012 Surgical IOC, ce qui nous a permis d’être présent dans le domaine des renforts de parois. UI Gestion et ses partenaires ont également soutenu notre recherche de partenariats en Afrique du Nord, nous permettant de créer un site de fabrication en Algérie et ainsi de disposer de relais de croissance.

 

PEM : Pourquoi vous quitter après moins de quatre ans ?

O. J. : Grâce à sa politique de développement, Péters Surgical est passé d’un CA global de 24 M¤ en 2009 à 37 M¤ en 2013. De nouvelles perspectives se présentent aujourd’hui, et l’ensemble des actionnaires, ainsi que les managers, ont jugé opportun de passer le relais à un investisseur qui offrira plus de moyens à l’ambitieuse stratégie déployée par ses dirigeants

J.-M. C. : Cela fait dix ans que je dirige Péters Surgical et plus j’avance, plus je vois les marches qui nous restent à gravir ! Nous avons encore de très nombreux projets pour l’entreprise, et nous sommes convaincus qu’Eurazeo PME nous apportera le soutien financier et humain nécessaire à nos projets de développement.

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