Accueil > enquetes > Diam International retrouve tout son éclat avec H.I.G. Capital

L'histoire

Diam International retrouve tout son éclat avec H.I.G. Capital 26.10.12

Diam International retrouve tout son éclat avec H.I.G. Capital
En juillet dernier, H.I.G. Capital a cédé Diam International à LBO France : une première sortie européenne qualifiée de belle opération par son président en France, Olivier Boyadjian. Sous la houlette du fonds américain, Diam International a redressé une situation pourtant peu brillante lors de sa reprise en 2007.
© D.R.
Diam International retrouve tout son éclat avec H.I.G. Capital
imprimer
   

Repris en situation difficile, le fabricant de présentoirs haut de gamme pour les produits cosmétiques est rapidement parvenu à redresser la barre avec le soutien de H.I.G. Capital. « Il s’agit d’une opération de développement, et non de retournement », précise Olivier Boyadjian, président de H.I.G. Capital en France. Diam Europe était en effet in bonis lorsque H.I.G. l’a choisie pour sa première opération en Europe mi-2007. Mais elle présentait une structure bilantielle fortement déséquilibrée, plombée par une dette de plusieurs dizaines de millions d’euros héritée d’un mariage malheureux avec Pop Display. Le rapprochement avec ce confère américain, mené par Heritage Partners à l’occasion d’un LBO initié en 2000, n’avait pas porté ses fruits, les difficultés de la branche américaine ayant fini par gangrener l’ensemble du groupe. De surcroît, le fabricant de présentoirs souffrait d’une rentabilité en berne : son Ebitda, divisé par deux en un an, avait chuté à 5,5 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 110 millions d’euros en 2006. Malgré ces points sombres, H.I.G. Capital discerne tout le brillant que pourrait retrouver Diam une fois tirée de la gangue de sa dette. « Une entreprise leader sur son marché, accompagnant ses clients depuis trente ans, aux compétences industrielles fortes, disposant d’équipes de qualité et d’un savoir-faire reconnu », énumère Olivier Boyadjian, qui a suivi avec Loïc Oury le dossier pour H.I.G. Capital. En 2007, le fonds devient donc propriétaire de Diam (aux côtés du management) dont il rachète la dette senior sur fonds propres pour un montant non dévoilé, avec pour objectif de redresser rapidement la barre. Le cap est aussitôt fixé par le nouvel actionnaire. D’une part, l’entreprise yvelinoise doit reprendre le contrôle de ses marges pour retrouver son niveau d’Ebitda antérieur. D’autre part, dans un contexte mondialisé, elle ne peut se cantonner à un marché européen : priorité est donc donnée à l’internationalisation, par croissance organique ou externe. Enfin, il est prévu d’élargir la gamme de produits et de services afin de gagner de nouveaux marchés.

PRIORITÉ AU DÉSENDETTEMENT ET À L’INTERNATIONAL. Pour mener à bien  ces missions, H.I.G. Capital recrute un nouveau PDG. Michel Vaissaire, qui a dirigé la branche Printing et Publishing d’Arjowiggins, près de 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires, a également été directeur industriel de la branche parfumerie de Saint Gobain Desjonquères. Pour les avoir fréquentés dans la flaconnerie destinée à la parfumerie, il connaît bien les clients du luxe et les contraintes liées à la fabrication d’un bel objet. De quoi rassurer les grandes marques de cosmétiques que le leader mondial de la publicité sur le lieu de vente  compte parmi ses clients (Chanel, Clinique, Dior, Estée Lauder, Guerlain, Lancôme…). Dès son arrivée, fin 2007, Michel Vaissaire, plan stratégique en main, s’attaque à la dette par un travail classique sur l’amélioration des cash flows. « Nous avons travaillé sur le BFR, m ais aussi retrouvé no - tre crédibilité vis-à-vis des banquiers et des assureurs-crédit », raconte le PDG, qui se souvient encore de la première réunion avec un banquier incrédule devant les objectifs annoncés. La confiance revient. Le niveau de dette devenant plus raisonnable, H.I.G. Capital obtient en juillet 2008 le refinancement d’une partie de son investissement à travers la mise en place d’une dette mezzanine apportée par le fonds anglais Noonday, sas de décompression jusqu’à ce qu’un pool de banquiers senior accepte de mettre en place une dette classique. Chose faite en juin 2 009, grâce au rétablissement de la confiance avec les banquiers historiques : la dette est intégralement refinancée, à six ans, à des taux très bas. « Son poids a été divisé par trois », précise Michel Vaissaire. Parallèlement à son désendettement, l’entreprise des Mureaux prend son envol international, notamment aux États-Unis et en Asie. Implantée au d épar t dans quatre pays et avec 100 % de son chiffre d’affaires en Europe en 2006, Diam International est présente dès 2011 d ans 14 pays pour un chiffre d’affaires hors Europe à 50 %. Une usine est ouverte en Chine en 2007, une autre en Turquie en 2009, et Diam met la main sur le fabricant de présentoirs GDP Tunisia e n juin 2 011, opération financée sur fonds propres. Comptant 785 salariés en 20 07, principalement en France et en Grande-Bretagne, la société emploie aujourd’hui 1 300 personnes dans le monde.

UN AN POUR PRÉPARER LA SORTIE . Une telle réussite suscite rapidement les convoitises, des investisseurs se montrant intéressés dès 2008 par le petit bijou. Présent au capital pour une durée de cinq à huit ans en moyenne, H.I.G. Capital mandate Transaction R mi-201 1 afin d’étudie r les propositions : « Nous avons eu de nombreux échanges sur les sujets financiers, stratégiques e t hu mains », témoigne Mi chel Vaissaire. Très attentif à trouver le bon partenaire, il veille à ce que le prochain investisseur comprenne les ressorts de l’entreprise e t les valorise en lui donnant les moyens de se développer, tout en offrant un prix intéressant pour H.I.G. Outre des fonds spécialisés, trois acteurs industriels ont déclaré leur intérêt, mais avec un timing d’investissement différé. C’est LBO France qui emporte la mise lors d’une transaction bouclée le 25 juillet 2012, une synchronisation parfaite pour H.I.G. Capital qui a repris les Alumines de Spécialités de Rio Tinto le 31 juillet. Le fonds a par ailleurs réinvesti 10 millions d’euros dans Diam International via une mezzanine à sept ans. De son côté, Michel Vaissaire se déclare très heureux de repartir avec LBO France pour une nouvelle phase du développement de Diam. À l’occasion de ce deuxième LBO, le bloc management incluant une cinquantaine de managers et BNPP Investissement détiennent un peu moins du quart du capital. Accompagné par son nouvel actionnaire, Diam International entend rester sur son cœur de métier, servir sa clientèle sur le lieu de vente, aussi bien pour ses clients du luxe que pour le « mass market ». Le fabricant a en effet amorcé depuis 2007 sa diversification hors des cosmétiques vers des marques à renommée internationale : alcool, tabac, café, lunettes… Une joint-venture vient en outre d’être conclue en Asie où Diam International est désormais en mesure d’aménager des points de vente complets. « Nous avons la chance d’avoir un portefeuille de clients prestigieux et notre stratégie reste identique : accompagner leur avenir en tant que partenaire privilégié. Au cours des cinq dernières années, en dépit des difficultés, nous avons renforcé notre leadership mondial. À nous de rester conquérants sur un marché qui reste très compétitif », conclut Michel Vaissaire.

Florence Klein

REPERES

> 1973 : Création de Diam Développement, société basée aux Mureaux.

> 2000 : Premier LBO mené par le fonds américain Heritage Partner. Marié à POP Display, le fabricant de présentoirs haut de gamme souffre des difficultés de son confrère américain. Son Ebit - da chute à 5 M€ pour environ 110 M€ de CA en 2006.

> mi-2007 : H.I.G. Capital rachète la dette de Diam Europe, 835 salariés dans quatre pays.

> Juin 2009 : Refinancement de la dette auprès de banquiers français (LCL, CIC et BNP Paribas).

> Février 2011 : Diam International acquiert GDP Tunisia et GDP Tech, 350 salariés en Tunisie et France.

> Juillet 2012 : LBO France reprend Diam International, CA 166 M€, 1 300 salariés dans 14 pays. L’Ebida a presque triplé, à 13 M€.  

VISIONS CROISEES

28