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L'histoire

IMVTechnologies : un tube «made in Normandie» 21.04.11

Investissements en masse, renouvellement des cadres et développement de nouveaux produits, IMV Technologies s’est entièrement rénové depuis l’arrivée d’OFI Private Equity Capital en 2007. Le spécialiste de l’insémination animale poursuit aujourd’hui son développement avec Pragma Capital.
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Comment une entreprise familiale implantée dans une petite commune de Basse-Normandie devient une mini multinationale leader sur son marché… Telle est l’aventure vécue par IMV Techno logies. Fondée en 1963 à L’Aigle, l’entre prise s’est fait connaître grâce à la paillette «Cassou», du nom du fondateur, un fin tube plastique permettant de conditionner le sperme animal. Elle s’est depuis fortement diversifiée. Sondes, containers, matériels de laboratoire, toute une gamme de produits destinés à l’insémination animale est proposée, principalement pour les marchés bovin et porcin. En 1994, la PME de 250 salariés connaît son premier changement de propriétaire. La famille fondatrice vend la majorité des parts à l’IDI, qui organise un MBI. Déjà implantée aux États-Unis, la société poursuit son développement international, ouvrant une filiale en Inde. Consécration pour les actionnaires de l’époque : l’introduction sur le second marché de la Bourse de Paris en 1998. Entreprise à vendre Les années passent et le partenariat s’érode, tout comme les résultats de l’entreprise. L’IDI souhaite sortir et lance un process en 2003, mais sans succès. La société a besoin de sang neuf. C’est Gilles de Robert, un ingénieur biomédical affichant vingt-cinq ans d’expérience au sein de grands groupes internationaux, qui va l’incarner : « J’ai été recruté pour redresser l’entreprise dont la situation financière se dégradait et que l’actionnaire souhaitait vendre, explique-t-il. Ma première impression en arrivant ? Un grand étonnement entre la réputation de cette société et son mode de fonctionnement. » Il faut dire que le travail est de taille. La petite entreprise a grandi trop vite, sans prendre le temps de consolider ses bases. Si IMV rest leader sur son marché, avec 80 % de son chiffre d’affaires réalisé à l’international, son organisation stagne depuis quelques années : « Le groupe s’était développé dans son jus. Il ne s’était pas vraiment modernisé, ni en termes de structure ni en termes de fonctionnement. La recherche et développement était négligée, et la majorité du management arrivait à l’âge de la retraite », retrace l’actuel président du directoire. Il accepte toutefois de relever le défi, convaincu par les atouts et le potentiel de ce fleuron régional présent dans 120 pays. Premier objectif : renouveler les cadres. Près de 70 personnes sont recrutées en remplacement des effectifs partants. Un directeur financier est embauché ainsi qu’un nouveau responsable pour le pôle recherche et développement. L’IDI recherche toujours un acheteur. Observant le tournant pris par IMV, OFI Private Equity manifeste son intérêt et entame des négociations début 2007. Le deal est signé en juin, le nouveau propriétaire ne se laissant pas décourager par trois années de baisse d’Ebitda. Il lance une OPA en juillet, sortant l’entreprise de la cote deux mois plus tard. Les actions pour la moderniser se poursuivent. Réorganisation, rénovation de l’outil industriel, relance du marketing et du pôle recherche et développement, dirigeant et actionnaires mènent des chantiers sur tous les fronts. Le budget consacré à l’innovation est doublé pour atteindre près de 7 % du chiffre d’affaires. Résultat : une vingtaine de nouveaux produits sortent sur le marché, dont la première gamme biodégradable dans le domaine porcin. Trois acquisitions en un an En parallèle, une politique active de buildup est menée. Trois acquisitions sont signées en quelques mois. D’abord avec Cryo Vet, un concurrent français absorbé en mai 2007 réalisant 4,4 millions d’euros de chiffre d’affaires. Puis l’activité de matériel d’insémination porcine de Gènes Diffusion, avec 5 millions d’euros de chiffre d’affaires, et enfin le rachat de l’unité de fabrication de gants d’insémination à la société italienne CIE Plast, débouchant sur l’ouverture d’une filiale dans la région milanaise. L’appétit de croissance externe du groupe ne s’arrête pas là. IMV s’implante en mars 2010 aux Pays- Bas via le rachat d’un distributeur. Dernier chantier mais pas des moin - dres, la construction d’une nouvelle usine de production, toujours à L’Aigle : « La décision a été prise fin 2008, et le site, qui répond aux normes de haute qualité environnementale les plus élevées, a vu le jour durant l’été 2010 », précise Olivier Millet, président du directoire d’OFI Private Equity Capital. Louée par l’entreprise, l’usine a été financée par les collectivités locales pour un montant total de plus de 12 millions d’euros, signe du poids économique de la PME sur son territoire. Tous ces efforts paient. La société double sa rentabilité, passant de 5,8 millions d’euros d’Ebitda en 2006 à plus de 10 millions d’euros en 2010, avec un chiffre d’affaires progressant de 37 à 48 millions d’euros. Même en période de crises économique et agricole, elle parvient à se maintenir grâce à la vente de consommables plastiques à usage unique. Le renouvellement des paillettes, notamment, assure à l’entreprise des revenus récurrents. IMV peut également s’appuyer sur Cryo Bio System, une division dédiée à la cryopréservation d’échantillons humains. Cette activité, qui représente près de 10 % du chiffre d’affaires, est, elle, moins soumise aux caprices de la conjoncture. Dans les mains de Pragma Des atours pour un «nouvel IMV» qui sé - duit sans mal de nouveaux investisseurs. Au lancement du processus de sortie mi-2010, Pragma Capital est le premier à préempter le deal, proposant un financement full equity pour près de 60% du capital. La vente est conclue en septembre, permettant la réalisation d’un TRI de près de 30%. Le management, qui a déjà participé à l’opération de 2007, augmente sa participation de 20 à 30%. Mais OFI ne lâche pas totalement « son petit » et con serve 11 % des parts : « Nous souhaitons poursuivre notre logique d’accompagnement, indique Olivier Millet. Tous les investissements réalisés ces dernières années vont continuer de produire des effets positifs. IMV Technologies bénéficie encore d’un potentiel de croissance intéressant. » La réorganisation de l’actionnariat permet aussi l’entrée, de façon très minoritaire, du financier francochinois Cathay Capital Private Equity : « Nous pourrons nous appuyer sur ce nouveau partenaire pour identifier des cibles chinoises et monter des projets d’acquisition », signale Gilles de Robert. Car la croissance d’IMV est liée à celle des pays émergents. Le business est porté par l’augmentation de la population, la hausse de l’élevage intensif et de la consommation de viande dans les pays d’Asie et d’Amérique latine : « Les BRIC représentent aujourd’hui entre 15 et 18% de notre chif - fre d’affaires, avec de belles perspectives de développement », poursuit le manager. Et la PME couve encore de nombreux projets, comme la conception de produits «intelligents » à forte valeur ajoutée. Des sachets plastiques indiquant la température d’un échantillon ou pouvant signaler une éventuelle contamination devraient ainsi voir le jour au cours des prochaines années. Une chose est sûre, IMV n’a pas fini de croître et de se multiplier 

Repères

> 1963 Création d’IMV Technologies par Robert Cassou

> 1980 Ouverture de la filiale américaine

> 1994 Entrée de l’IDI au capital à l’occasion d’un MBI

> 1998 Introduction de la société sur le second marché de la Bourse de Paris

> 2007 OFI Private Equity Capital acquiert l’entreprise

> 2010 Pragma Capital rachète près de 60% des parts, OFI Private Equity Capital en conserve 11%

Visions Croisées

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    Olivier Millet
    Olivier Millet
    © D.R.

Gilles de Robert, président du directoire d’IMV Technologies, et Olivier Millet, président du directoire d’OFI Private Equity Capital.

PRIVATE EQUITY MAGAZINE : Quel a été votre principal défi ?

G. R. : Il a fallu faire évoluer la culture générale d’IMV et de ses salariés. Implanté dans une petite ville, IMV s’est développé sans trop de concurrence. L’environnement devenant plus concurrentiel, l’entreprise devait s’ouvrir rapidement sur l’extérieur et accélérer la mise au point de nouvelles technologies. L’autre difficulté consiste à recruter des salariés expérimentés, la commune étant mal desservie par les axes de communication.

O. M. : Avec le management, nous avons mené une multitude de projets en très peu de temps, le tout dans un contexte économique difficile, avec une crise des cours de la viande de porc, un effet dollar particulièrement défavorable et l’arrivée de la crise financière… En dépit de ce contexte, nous avons pleinement joué notre rôle d’actionnaire en accompagnant IMV. Tous les investissements réalisés vont continuer de porter leurs fruits dans les années qui viennent

PE MAG : Quel bilan tirez-vous de ce partenariat ?

G. R. : Lors des négociations, la tendance du chiffre d’affaires n’était pas bonne. OFI a pourtant cru en IMV et en son équipe. Nous avons apprécié leur approche pragmatique, sachant nous conseiller mais sans s’immiscer dans la gestion du quotidien. Pour des projets d’acquisition, une PME n’a pas les moyens d’organiser des réunions avant chaque décision. OFI sentait l’intérêt stratégique et nous accordait un vote de confiance. C’est un partenariat respectueux du métier de chacun, et nous avons trouvé le même confort de travail avec Pragma

O. M. : C’est un deal exemplaire mais qui comportait des risques. Réaliser une OPA sur une petite société, dans le contexte économique de 2007, ce n’était pas évident. En outre, lorsque nous pris la décision de racheter la société, nous n’avions que les chiffres du premier semestre, qui s’avéraient en-deçà des attentes. Au final, l’histoire est belle et traduit une excellente collaboration entre Gilles de Robert, le management, et nous.  

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