Accueil > enquetes > Prodware et NextFund en route pour la croissance

L'histoire

Prodware et NextFund en route pour la croissance 13.02.08

La société d’intégration de solutions informatiques globales pour les PME a opté pour une croissance externe agressive. Depuis deux ans, elle avait besoin d’un partenaire- conseil. Rencontré en 2003, le fonds de capital développement semble tomber à pic.
imprimer
   

Le capital développement est-il réellement le parent pauvre du capital investissement ? Rien de moins sûr à en juger par l’investissement réalisé en juillet 2003 par le fonds NextFund Capital dans la société informatique Prodware. Certes, le ticket est modeste (inférieur au demi million d’euros), mais la logique du deal est convaincante et le rôle de l’investisseur essentiel pour le développement futur d’une PME qui ne cache pas ses ambitions.
Prodware, société d’intégration de solutions informatiques globales aux entreprises, a été créée en 1989 par son actuel président, Philippe Bouaziz (à gauche sur la photo). Après un démarrage difficile et heurté, la société a, depuis 2000, beaucoup grandi. Dès le premier semestre 2001, le marché se retourne, 55 % de ses acteurs disparaissent. Prodware fait le pari de la croissance externe et absorbe, en trois ans, 13 de ses concurrents sur le segment des PME (dont l’activité PME de GFI Industries). Les effectifs et le volume d’affaires augmentent substantiellement.

Besoin d’une expertise
L’intégration des nouveaux venus se fait «sur le tas, et de manière très satisfaisante», aux dires-mêmes de Philippe Bouaziz, fier d’avoir acquis cette compétence de repreneur. Prodware se concentre alors sur un segment du marché délaissé par les grands acteurs. Ainsi, elle développe un modèle de vente ciblé sur les PME et implante en France neuf agences locales. Mais ce développement s’est fait en force. La société n’a guère eu le temps de mûrir, ni de se structurer.
«Début 2003, nous étions à un point d’inflexion, nous avions peur de nous tromper, analyse le dirigeant. Nous avions besoin d’un conseil, d’une expertise, mais de la part de personnes investies dans l’aventure au sens propre comme au figuré.» Le positionnement technologique du fonds de capital développement NextFund semble alors répondre à une première attente fondamentale de l’entrepreneur : «Il était primordial que notre futur partenaire comprenne notre métier, s’y intéresse réellement», explique Philippe Bouaziz.
NextFund Capital, fondé début 2003 par Maurice Khawam (à droite sur la photo), un ancien d’Apax, souhaite en effet capitaliser sur l’expérience industrielle de ses associés, et s’impliquer conséquemment dans des secteurs dont ils ont l’expérience entrepreneuriale. «Nous investissons dans des sociétés dont nous nous sentons proches, c’est-à-dire pour lesquelles nous allons pouvoir utiliser nos compétences et notre expertise industrielles autant que financières», explique Maurice Khawam.



La restructuration d’abord
NextFund Capital entre à hauteur d’une dizaine de pourcentages dans le capital de Prodware, aux côtés des fondateurs et des principaux dirigeants. Dès la signature du pacte d’actionnaires, le principe d’une collaboration en deux étapes est décidé en commun. Avant d’envisager de poursuivre sa croissance, Prodware doit procéder à la structuration tant de ses outils de gestion que de ses ressources humaines. Bien que simple conseil, l’investisseur a joué un rôle fondamental, au cours des dix-huit derniers mois, dans la mise en place d’un système d’information financière et dans la refonte de l’organigramme. Le bilan est aujourd’hui très positif : «Nous avons tenu nos engagements, affirme Philippe Bouaziz, tant en termes de structuration interne que de croissance du volume d’affaires. NextFund a tenu les siens et toute l’équipe s’est montrée très disponible.»

L’expansion ensuite
La seconde phase peut alors démarrer. L’entrepreneur veut à présent se focaliser sur la rentabilité de sa société et poursuivre sa pénétration du marché des PME. Pour permettre cette croissance, le groupe prévoit une première levée de fonds début 2005. «Aujourd’hui, nous avons un besoin essentiel de l’expertise financière de notre investisseur», reconnaît Philippe Bouaziz. NextFund se voit dès lors attribuer le rôle de lead de l’opération, ainsi que de celle qui est envisagée pour le courant de l’année 2006.
Le premier volet de cette augmentation de capital est destiné à financer la croissance en France des activités de Prodware, le second permettra de prendre des positions clés sur la zone Europe-Moyen-Orient-Afrique (EMOA). L’entrepreneur et l’investisseur ont clairement établi l’horizon de leur partenariat et l’objectif final de celui-ci. Ainsi, Prodware espère doubler ses ventes pour 2007-2008, à plus de 50 millions d’euros, et vise une position d’acteur incontournable sur le segment des PME tant en France que sur la zone EMOA. À cette échéance, Philippe Bouaziz et Maurice Khawam envisagent une sortie industrielle à l’occasion de la prochaine phase de consolidation du marché.

Une proximité à concrétiser
Depuis la signature du deal, l’équipe de Next Fund est très proche du management de Prodware. Présente au conseil d’administration trimestriel de l’entreprise, mais aussi consultée chaque mois à l’occasion d’un conference call avec le président, elle est également informée de manière rigoureuse par un reporting mensuel qu’elle a contribué à mettre en place.
Mais aujourd’hui, l’attente la plus forte est sans nul doute du côté de l’entrepreneur : «Nous avons rempli notre partie du contrat, lance Philippe Bouaziz. C’est à NextFund de remplir la sienne désormais.» On comprend toute la portée de tels propos quand on sait que la prochaine levée de fonds permettra de constater un doublement de la valorisation du ticket d’entrée de NextFund…

Marie-Laurence Bouchon

Repères

> 1989
Création de Prodware par Philippe Bouaziz
> 2001-2003
Dans un marché difficile, dont plus de 50 % des acteurs disparaissent, le groupe fait le pari de la croissance externe, procédant à 13 acquisitions en trois ans. Les effectifs passent de 50 personnes à plus de 200, le chiffre d’affaires est plus que triplé
> Février 2003
Recherche active d’un conseil, premières rencontres avec NextFund Capital
> Juillet 2003
Le fonds NextFund prend une part du capital de Prodware, avec qui il signe un pacte d’actionnaires sur quatre ans
> Fin 2004
Prodware affiche une croissance organique supérieure à 35 %, et dégage un premier résultat de 400 000 euros
> Début 2005
Une levée de fonds de 1 million d’euros est programmée

Visions croisées NextFund Capital/Prodware

Maurice Khawam, fondateur de NextFund Capital, et Philippe Bouaziz, président de Prodware, commentent leur aventure commune.

Private Equity : Comment votre collaboration s’est-elle mise en place ?

Maurice Khawam : J’avoue avoir été plutôt sceptique au départ : les PME ne sont pas fidèles aux entreprises qui leur fournissent du service. Ma rencontre avec Philippe Bouaziz a été décisive. Il a pris le temps de m’expliquer le modèle de vente de Prodware, son caractère quasi industriel m’a convaincu. J’ai découvert une société très innovante.

Philippe Bouaziz : J’ai tout de suite été intéressé par le positionnement fort de NextFund, et très rassuré par les compétences de ses associés dans les métiers de l’informatique. Il y a eu de leur part une vraie curiosité dés les premiers contacts.

Private Equity : Quand l’investisseur ne détient qu’une part très minoritaire du capital de l’entreprise, quel peut être son rôle ?

M.K. : Notre approche est «hands on», même si nous n’avons aucune fonction manageuriale. Nous sommes très impliqués dans le développement de Prodware. Le dialogue avec le management est très ouvert, très franc aussi. Nous sommes un conseil, mais un conseil investi, dans tous les sens du terme…

P.B. : NextFund est le premier fonds d’investissement que nous accueillons au capital de Prodware. Par conséquent, même s’il est minoritaire, son opinion, ses idées, ses critiques comptent beaucoup. Ce qui ne veut pas dire que nous soyons toujours d’accord… L’important est qu’il puisse y avoir un débat. Son rôle est fondamental, il va l’être davantage encore ses deux prochaines années.

Private Equity : Quels sont les facteurs de réussite d’une collaboration entre un entrepreneur et un capital investisseur ?

M.K. : La qualité du dialogue prime, ainsi que la compréhension de ce qu’est le rôle de chacun. Et il n’y a jamais eu d’ambiguïté sur ce point. Chacun sait ce qu’il est en droit d’attendre de l’autre.

P.B. : Il est essentiel que nous parlions le même langage et que l’investisseur comprenne la logique de notre business. A partir de là, on peut se fixer des objectifs, s’engager les uns vis-à-vis des autres. 

28