Accueil > enquetes > Sateco enchaîne les montages LBO performants

L'histoire

Sateco enchaîne les montages LBO performants 12.11.07

Le spécialiste des matériels pour la mise en forme du béton et des équipements de stockage pour l’industrie multiplie les LBO. Le point avec CIC LBO Partners.
imprimer
   
L’activité de la société, entre industrie lourde et BTP, n’attire pas forcément les investisseurs en capital. Sa taille, à peine plus de 55 millions d’euros de chiffre d’affaires visés en 2007, la place aussi en dehors du radar de la majorité des acteurs de LBO. Pourtant, Sateco enchaîne les opérations à effet de leviers. CIC LBO Partners a pris le relais d’Axa Private Equity en mai 2005 pour un LBO secondaire. Vingt-deux mois plus tard, en septembre, Crédit Agricole PE s’est associé à Pechel Industries et Fonds Partenaires et contrôle la majorité du capital de Financière Omnium, holding de détention de Sateco. La performance affichée par CIC LBO Fund explique en grande partie cet engouement : un TRI supérieur à 96% et un multiple de 3,4 fois sa mise.
Les coffrages métalliques ou banches* à béton de Sateco, ses passerelles de sécurité, mais aussi aujourd’hui de la sous-traitance dans le secteur de la mécano-soudure ou des activités de service semblent réussir aux investisseurs.

Rattrapage d’Outinord
Avant l’épisode AXA, Sateco a même connu un premier bout de LBO avec sa maison-mère d’origine, Outinord. A l’issue de sa reprise par Siparex, le groupe nordiste a choisi de céder son activité dédiée aux constructeurs de taille régionale, de petits clients, pour se concentrer sur les gros donneurs d’ordre. Une cession qui permettra au passage de délèverager l’opération. La transaction arrangée par AXA PE en juillet 2004 va donc consister à mener à bien le spin-off de Sateco, basée dans la Vienne. En prenant le relais, CIC LBO Partners (associé à AXA PE, resté à hauteur de 30% dans une opération de gré à gré) va pouvoir aider Sateco à se renforcer sur la clientèle PME mais aussi à «monter» vers les grands comptes. Et titiller Outinord sur son marché de prédilection. Au point de réaliser aujourd’hui un chiffre d’affaires identique.
«En général, nous ne travaillons pas sur des horizons aussi courts, rappelle Bertrand Fesneau, président du directoire de CIC LBO Partners, dont Sateco était le premier deal. Mais le Pdg que nous avons accompagné avait envie de prendre du recul pour des raisons personnelles. Nous avons logiquement envisagé de sortir avec lui.»
CIC LBO Partners avait regardé de près l’opération Sateco avant de se la faire souffler par AXA PE. «Nous avions bien analysé le secteur. Nous savions qu’il existe une barrière à l’entrée. La technique des murs porteurs est une vraie technologie française par rapport à celle qu’utilisent les anglo-saxons.» Ces coffrages et matériels pour la mise en forme du béton offre aussi des applications multiples dans un marché du logement individuel en pleine croissance, mais également dans le logement social, les travaux publics, les chantiers nucléaires, les hôpitaux, les prisons. Elle résiste aussi mieux que les poteaux poutres dans les environnements sismiques ou cycloniques, en Asie ou en Amérique du Sud par exemple, ce qui lui ouvre des perspectives à l’export. Hors de l’Hexagone, les banches de Sateco se retrouvent sur de gros chantiers de partenaires comme Bouygues ou Vinci. Résultat : pour les financiers, Sateco présente toutes les caractéristiques d’un sous-jacent extrêmement sain.
Seul bémol bien sûr, l’aspect cyclique de son activité que la dynamique du marché français fait pour l’instant oublier. «Nous venons de traverser quelques très bonnes années. Mais cela n’a pas toujours été le cas. Je suis arrivé dans le groupe en 1992, en bas de cycle. Une période très difficile…», évoque Alain Dardaine, ancien directeur financier devenu directeur général à l’issue de la réorganisation du top management opérée en septembre. «Mais les données socio-économiques ont changé, poursuit-il, on ne se projette pas sur un effondrement de l’activité du bâtiment. Les perspectives sont bonnes.» Pour éviter de payer trop lourd les conséquences d’un éventuel retournement, Sateco s’est diversifié dans les travaux publics, moins cycliques.

Diversifications préventives
Autre axe : l’assemblage de pièces métalliques, pour les chariots élévateurs Fenwick par exemple, qui ne lui rapporte pour l’instant que 5 millions d’euros de chiffre d’affaires mais pourrait se développer. Tout comme l’activité location ou service à l’industrie. «Nous fabriquons par exemple pour Schneider Electric des abris pour ses transformateurs», explique François Guilloteau, le nouveau Pdg.
Pour assurer sa croissance, Sateco a aussi poursuivi les investissements dans son outil industriel. «Nous avons réalisé une extension de site de 3600 mètres carrés. Nous robotisons notre ligne de fabrication de banche pour gagner en productivité. Nous allons faire une ligne de peinture aux normes européennes et nous avons doté l’entreprise de nouveaux locaux sociaux sur l’un de nos deux sites», retrace François Guilloteau.
Mais le plus gros défi que doit relever Sateco est probablement celui de la transition entre le dirigeant sortant qui a accompagné les précédentes opérations, Jean-Luc Nineuil, et François Guilloteau. Elle est préparée avec minutie depuis plusieurs années, à l’image de la gestion de Sateco par son ancien dirigeant. Décidé à quitter ses fonctions après quinze ans à la tête de l’entreprise, Jean-Luc Nineuil a accéléré la sortie de CIC LBO Partners. «Nous avons dû trouver avec lui des solutions pour qu’il prenne du champ et remodèle son capital», explique Bertrand Fesneau.
Trouver un remplaçant à un Pdg de cette trempe n’était pas évident. Et d’autant plus risqué que sur ce segment du LBO, on achète plus une équipe de management qu’une entreprise. Impensable donc de se tromper. Jean-Luc Nineuil a passé un an avec François Guilloteau avant de quitter l’entreprise. Ancien directeur commercial de Heuliez, dont le siège est dans la région, ce dernier rappelle même que leur relation s’était engagée deux ans avant son arrivée chez Sateco. «Nous avons appris à nous connaître. Il fallait que le projet mûrisse. Je me sentais bien dans la société dans laquelle j’étais.» Mais le système du LBO offre de sérieux arguments pour séduire un manager. «Ça n’a pas été le système d’approche, coupe François Guilloteau, nous avons surtout parlé de l’entreprise et du métier. J’arrivais moi-même à 48 ans à une période charnière de ma carrière professionnelle.» Les perspectives de croissance de Sateco ont fini à le convaincre.
Marie Guilhem

Repères

> 1955 : création au Maroc de la Société Africaine de Transports et d’Exploitation de Containers
> 1960-1961 : transfert en France, début de
l’activité BTP-coffrage
> 1972 : Les Magazins
et Entrepots Généraux cèdent l’entreprise
> 1989 : développement de la recherche, renouvellement de la gamme  
> 1996 : expansion
à l’export, intègre le groupe Outinord
> 2002 : reprise d’Outinord par Siparex et Spef LBO (qui céderont la maison-mère à ABM Amro Capital en 2006)
> 2004 : premier LBO sur Sateco avec AXA PE
> 2005-2006 :
deuxième LBO avec CIC LBO Partners
> 2007 : troisième LBO avec Crédit Agricole PE.

Visions croisées CIC LBO Partners/Sateco

  • Zoom
    Bertrand Fesneau (CIC LBO Partners)
    Bertrand Fesneau (CIC LBO Partners)
    © D.R.

Bertrand Fesneau, pour CIC LBO Partners, fait un point, avec les dirigeants de Sateco, François Guilloteau (photo) et Alain Dardaine, sur cette série de LBO.
Private Equity :  Quels sont les atouts de Sateco ? 
Bertrand Fesneau : Sa position de leader du marché constitue un "cercle vertueux" et une force d'attractivité auprès de nouveaux clients. Son potentiel de développement (prioritairement grands comptes et export) est réel. Ses produits sont innovants et font référence dans le secteur. Enfin, l’organisation industrielle est excellente et autorise une très bonne productivité.
François Guilloteau et Alain Dardaine : La qualité de nos produits et leur technicité. Nous disposons également d’une unité de remise en état du matériel et de location la plus importante du marché. Notre productivité est aussi plus élevée que chez nos confrères. Même si notre effectif est réduit avec environ 220 salariés, nous sommes très à l’écoute de nos clients.
Private Equity : Quels sont les risques qui peuvent impacter le LBO sur Sateco ?
BF : Le retournement du cycle de l'immobilier, mais qui sera amorti par l’élargissement de la clientèle grands comptes et l’accélératin de l'export. Et la capacité du nouveau manager à accompagner ce développement. Mais je pense que la stabilité de l'ensemble du reste de l'équipe limite ce risque, d’autant que le précédent dirigeant reste actionnaire et membre du conseil de surveillance.
FG et AD : Une baisse d’activité dans le secteur du bâtiment qui entrerait dans un cycle défavorable. Mais la société n’y est pas plus exposée parce qu’elle est en LBO. Nous avons d’ailleurs intégré une baisse de marché de 10 à 15% dans nos simulations financières pour éviter toute mauvaise surprise même si nous misons sur de la croissance.
Private Equity : Comment juger les relations de Sateco avec ses partenaires financiers ?
BF : Ce qui a bien fonctionné est avant tout lié à notre réactivité. Nous avons été capables, à tout moment, de régler les problèmes en un coup de fil, sur le portable. Sateco est une structure très compacte. C’est fondamental pour les managers d’une PME de pouvoir décider vite.
FG et AD : Nous n’avons jamais été bridés. Bien au contraire. Les fonds ont souvent eu envie d’aller plus vite que nous sur certains sujets. Ils n’ont pas non plus “squeezé” le plan d’investissement que nous leur avons soumis. 

28