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L'histoire

Plastisud sort du moule de NiXEN 22.07.11

Depuis plus de quarante-cinq ans, la PME familiale Plastisud développe des moules de haute précision. Un parcours sans fausse note sur lequel le modèle de capital transmission s’est parfaitement appliqué, une expérience enrichissante aussi bien pour l’équipe de management que pour les investisseurs.
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L’histoire de Plastisud commence en 1964 dans la ville ensoleillée de Castelnaudary. Les frères Jacques et Dante Buzzo, tous deux ingénieurs, se lancent dans la construction de moules de grande précision et à hautes performances. Première fierté des fondateurs, en 1965 : la réalisation du premier moule bi-matière européen. Précurseurs dans leur domaine, les deux frères misent avant tout sur l’innovation et créeront, quatre années plus tard, leur tout premier système à canaux chauds, qui servira à la construction fiable et précise de moules uniques permettant aussi bien la fabrication de couvercles en plastique que de corps protecteur de seringues. La petite entreprise de l’Aude va connaître pendant près de quarante ans un développement continu sans la moindre intervention d’investisseurs étrangers, et aura la satisfaction de voir l’ensemble de la profession adopterces outils. Mais en 2004, l’un des associés, Dante Buzzo, se voit contraint de passer la main à la suite de problèmes de santé.

 

Un relais financier et stratégique

Les deux frères sont alors amenés à réfléchir à la succession. Après avoir envisagé toutes les solutions possibles, ils décident l’entrée d’un nouvel investisseur dans le capital de l’entreprise : NiXEN Partners. Une grande première pour la PME de l’Aude, qui invite le fonds d’investissement à hauteur de 60%, le reste de la société demeurant aux mains de ses fondateurs. Réalisée en 2004, l’opération marque le point de départ d’une aventure inédite. « Notre première mission a été d’institutionnaliser l’entreprise en renforçant son management. Un élément fondamental pour une PME ayant toujours évolué dans un cadre familial », explique Pierre Rispoli, directeur général de NiXEN 28 Partners. La stratégie originelle des frères Buzzo n’en est pas pour autant chamboulée, et le fonds d’investissement poursuit ses efforts en matière de recherche et développement avec 10% du chiffre d’affaires de la PME réinvestis chaque année dans l’outil industriel. Une stratégie gagnante avant même le rachat de l’entreprise. Outre son statut de leader européen dans la fabrication de moules de grande précision, Plastisud réalisait en 2004 un chiffre d’affaires de 16 millions d’euros dont près de 40% dus à ses exportations. Dans le giron de NiXEN, le groupe accélère. Le cap est alors fixé sur le développement du segment de l’agroalimentaire, des consommables et de la santé.

 

La relève familiale

Resté seul à la tête du groupe, Jacques Buzzo propose à son partenaire financier, en 2006, une montée en puissance de son propre fils, Laurent Buzzo, alors directeur financier. Une idée retenue et finement préparée par NiXEN, qui met en place avec l’accord de l’équipe dirigeante un système de tutorat. Jean-Luc Giraud devient le nouvel homme clé de l’entreprise, au sein de laquelle il exerce les fonctions de directeur général aux côtés de Jacques Buzzo, président, et de son fils Laurent, directeur administratif et financier. Une relève progres sive pour une équipe de direction renforcée qui devra affronter une crise sans précédent lors de son exercice 2008-2009. « La crise a impacté l’entreprise, qui a connu une réduction de 15% de son chiffre d’affaires et une diminution par deux de son carnet de commandes, habitué à fonctionner avec une visibilité de douze à dix-huit mois », se remémore Pierre Rispoli. Pour y faire face, la société revoit sa gouvernance et lance un plan d’amélioration de la productivité pour tenter de contrer l’affaiblissement soudain du dollar face à l’euro. Le positionnement haut de gamme des moules de Plastisud lui épargne une perte trop importante de parts de marché grâce à des produits vendus entre 10000 euros et quelques centaines de milliers d’euros. « Nous n’avons procédé à aucun plan de licenciement, bien au contraire. Nous avons investi pour sortir de cette crise par le haut, en accélérant le développement et la productivité de l’entreprise », explique Laurent Buzzo, aujourd’hui président de Plastisud. L’activité procyclique de la PME lui permet de repren dre le train de la croissance peu de temps après.

 

Un partenariat fructueux

En 2010, le chiffre d’affaires atteint 30 mil - lions d’euros et tous les indicateurs repassent au vert. L’équipe dirigeante du groupe fait alors savoir à NiXEN sa volonté de re - prendre la totalité de l’entreprise. L’opération d’OBO sponsorless se concrétise avec un nouveau montage financier comprenant, comme lors de l’entrée du fonds en 2004, un prêt de 30millions d’euros auprès de ses deux banques historiques, LCL et HSBC. La famille, les principaux cadres et Jean-Luc Giraud reprennent ainsi 100% de l’entreprise. Le partenariat aura permis à NiXEN de réaliser un multiple de 2,6 soit un TRI d’environ 17%. Plastisud sort de l’aventure incontestablement renforcé, avec une équipe R&D d’une douzaine de personnes mais aussi un agrandissement de 30% de la surface de l’usine, qui atteint 12000mè tres carrés. Les moyens de production du groupe lui permettent désormais de produire une centaine de moules par an. Entre 2004 et 2010, le nombre de salariés passe également de 100 à 150, avec un renforcement prononcé des équipes commerciales. Cette stratégie va de pair avec ses ambitions internationales, le groupe ayant continué sur la même période à accroître ses exportations, qui représentent à présent 80 % du chiffre d’affaires, réparties aux quatre coins du monde, et qui compte des clients réguliers en Amérique du Nord, au Mexique, au Brésil, au Japon, en Chine, en Arabie Saoudite, en Russie et dans toute l’Europe. Les noms inscrits dans les carnets de commande de Plastisud expliquent une telle performance. Unilever, Coca Cola, Nestlé, mais aussi quelques champions nationaux de l’agroalimentaire, comme Yoplait, font tourner l’usine. Le travail réalisé au cours de cette collaboration a porté ses fruits et a su hisser l’entreprise au premier rang européen de la construction de moules de grande précision. La ville de Castelnaudary, avec son emblématique cassoulet, a maintenant un nouvel élément de fierté.

Visions croisées

Laurent Buzzo, président de Plastisud, et Pierre Rispoli, directeur général de NiXEN Partners.

 

PRIVATE EQUITY MAGAZINE : Qu’est-ce qui vous a conduit à vous choisir ?

L. B. : L’équipe dirigeante et NiXEN avaient une même compréhension du marché et de l’entreprise basée sur une vision industrielle. L’autre point fondamental a été un accord sur la nécessité de l’investissement permanent dans l’outil de production, avec l’objectif d’améliorer la productivité et de créer de la valeur.

P. R. : NiXEN a rapidement identifié à l’origine chez Plastisud les ingrédients d’une belle aventure : une affaire en fort développement bénéficiant d’une technologie disposant d’un temps d’avance ; un fondateur visionnaire ayant réussi malgré une taille encore modeste à gagner la confiance de grands donneurs d’ordre, et enfin une croissance rentable.

 

PEMAG : Que retenez-vous de ces six années de partenariat ?

L. B. : Une ouverture d’esprit de NiXEN dans nos échanges et dans la compréhension de nos problèmes. Leur équipe, particulièrement réactive et disponible, nous a également apporté de manière certaine la vision d’entreprise et la nécessité de structuration du management. Sans oublier, bien sûr, la bonne ambiance qui régnait lors de nos déjeuners !

P. R. : Cette belle histoire est un bon exemple du rôle déterminant que peut jouer un fonds à l’occasion de changements de génération dans une PME. Ce sont des moments cruciaux ou le recul et l’expérience des fonds sont nécessaires à cet exercice difficile de passage de témoin. La feuille de route a été remplie avec succès avec, à la clé, une très belle performance pour NiXEN.

 

PE MAG : Quel a été votre plus grand défi ?

L. B. : Notre plus grand défi a été sans conteste le recrutement d’un groupe de manager clés mais aussi l’organisation des conditions de leur stabilité au sein de l’entreprise. Le succès de cette étape fatidique a en partie contribué à la réussite de notre partenariat.

P. R. : Faire le choix de la continuité familiale est toujours une responsabilité importante. En aucun cas, la belle performance de NiXEN n’aurait pu se faire au prix d’un endettement excessif dans l’OBO sponsorless qui a permis notre sortie, ni si nous avions jugé que Laurent n’était pas encore prêt. Nous avons fait ce pari, et je crois qu’il est réussi ! 

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